Comment te dire ? Te retenir ? Sans te faire vomir, ni pâlir. Je ne suis pas celui que tu croyais. Dessinateur du jour, de la nuit, des temps mauvais. C’est ainsi que tu me voyais. Je ne t’avais pas tout dit. Par caprice, par coquetterie ? Je ne le sais ? J’ai un jardin secret. Où je peins le bien et le mal. Dans un trouble fatal. Qui m’assaille. Je ne peux m’en défaire. Où que j’aille. C’est ainsi. Devant la toile d’un champ de brume. Je me suis assis. Pour dessiner du pinceau de mauvaise fortune. Une ville, ses allées, ses promenades, ses urnes. Là où brûlent les serments des amants. Sous les toits, je me suis glissé en rampant. Tapis dans le noir. Tuant l’espoir. Badigeonnant les murs de la pestilence de mes offenses. Nées de la déliquescence de mes silences. T’en parler t’aurait amenée à me quitter. Tu préférais mes sourires habités. De ce regard brûlant qui te réchauffait. Je te mentais. Par jeu, par lassitude, moi le mauvais. Je l’ai toujours été. Soufflant la tempête sur la ville que je venais de créer. Je n’avais plus envie de jouer. Plus rien ne m’amusait. En moi, tu es entrée. Je ne l’ai pas vu arriver. Dessinant sur les toits de la ville des cœurs brisés. Du venin de mes flèches acérées. Trempées dans le sang de mon corps bafoué. De t’avoir malmenée. En te mentant sur l’unique vérité à t’avouer. Que je t’aimais. Mais, il aurait fallu tout te livrer. Mon être, mes raisons, ma déraison, la nature de mon errance. Il aurait fallu y ajouter la repentance. De m’être longtemps caché. Derrière ce sourire maquillé. Trop d’efforts à fournir. A commencer par ne plus te mentir.Comment te dire ? Te retenir ? Sans te faire vomir, ni pâlir. Je ne suis pas celui que tu croyais. T’imaginer défaillir ou même mourir, je ne le pouvais. Sur le tableau où je t’avais promenée, je t’ai effacée. Petite silhouette abandonnée. Je t’ai recouverte de blanc. D’une couche épaisse pour que tu ne puisses te libérer. Lentement. Je t’ai emprisonnée. Sans hésiter, sans pleurer, sans crier. Seul moyen de ne pas te faire souffrir. J’ai cru pouvoir t’oublier d’un soupir. Maintenant, je suffoque, je n’arrive pas à partir. Envouté par la toile blanche. Devant laquelle je m’épanche. J’ai creusé dans les couleurs en quête de toi. Brisant mon unique loi. De ne jamais regarder derrière moi. Je n’ai pu te retrouver. Maintenant, j’ai mal, d’une douleur infernale. Qui fait ressortir en moi l’animal. Dont la morsure me sera fatale. Il avance dévorant par rancœur les larmes de mon bonheur. Celles qui me restaient de toi. Mais, je n’ai plus peur. Comment te dire ? Te retenir ? Sans te faire vomir, ni pâlir. Je suis devenu celui que tu croyais.