Devant la porte. S’approcher ou rester en retrait ? Oser la toucher pour la pousser. Hésiter pour ne pas l’effleurer. Que trouver ? Oui, que trouver derrière son épaisseur rouillée ? L’envie de le faire. Y penser à en crever. Mais se retenir, avoir peur que tant de choses puissent apparaître derrière. Un pas de plus vers elle. Elle est trop belle. Son encadrement de pierres, ses sculptures de fer, le plaisir pourrait-il être amer ? Dans le beau existe une part de laid. Je la veux, je la hais. Voir derrière. Un pas de plus. Si proche. Il est encore temps de refuser, de rentrer. Fuir avec le sentiment de vide, de lâcheté, les tripes nouées. Personne ne le saura. Il faudra assumer. Restera cette cicatrice dans la mémoire de mon intimité. Se rapprocher d’une foulée pour respirer l’odeur des herbes mouillées. Elles gardent la porte toutes dressées. Elles n’ont jamais été piétinées. Toucher la porte, la caresser, la sentir respirer, frissonner. Oui,aimer, adorer, oser. Tourner la poignée. La pousser. Ouvrir, entrer, regarder. Violer pour un regard chapardé ? Abandonner, laisser en paix les secrets. Se retirer sans avoir égratigné. Fermer sans avoir offensé. Laisser à la porte la magie de protéger ce qu’est la vie de l’autre côté.