Il n’y a que les amoureux, sur les bancs publics, qui ont le droit d’être heureux. Langoureux, ils savent que les neiges éternelles protègent leur amour. Regarde leurs yeux, cette étincelle de jeunesse, leur folie, leur vie. Nous étions ainsi. Aujourd’hui, nous marchons moins vite avec nos corps usés. Le banc nous permet de nous reposer. On ne croit plus aux neiges éternelles. Mais nous sommes toujours assis ensemble sur ce banc public où les amoureux ont le droit d’être heureux. Ce n’est pas une performance mais cette volonté de chaque jour qui a protégé notre amour. Alors, oui, je le confesse, je suis un menteur, je crois encore aux neiges éternelles bien que l’existence m’ait enseigné qu’elles fondent au soleil. J’ai su tourner le regard pour ne pas être tenté par d’autres mirages. J’ai conservé les yeux ouverts, rivés sur toi, cherchant à m’éclairer de ta vie, de ta folie. Elles m’ont protégé, me conduisant vers ce banc où je prends toujours autant de plaisir à être assis en ta compagnie. Prochainement, nous ne pourrons plus y venir. Les forces nous manqueront. Ce n’est pas les neiges de l’amour qui fondent au soleil mais la vie, nos vies. Ne le dis pas aux amoureux, ne brise pas leurs rêves. Nous étions si bien lorsque nous avions leur âge, que nous faisions ce projet fou de ne jamais nous quitter. Nous l’avons tenu.