Lettre d’amour
Je pourrais t’écrire que je t’aime, que tu me manques, parler de fleurs, d’absence, tous ces mots maintes fois trimbalés au fil des lettres ; si souvent utilisés qu’ils en perdent tous leurs sens.
Ne les-as-tu pas employés par le passé, venant progressivement se faner dans le vase étroit d’une vie étouffée?
Au moment de la séparation, tu les avais oubliés.
Aurais-tu retrouvé ces lettres enflammées, que tu les aurais déchirées.
Te souviens-tu ?
Il écrivait si bien, savait te toucher d’un adjectif choisi, d’une comparaison flatteuse. Tu étais si facile à conquérir alors que ce matin, tu as un regard de chien au souvenir de cette rupture venue lessiver l’encre des belles lettres du passé.
Aussi, moi le nouveau qui frappe à la porte de ton cœur, je ne vais pas te dire que je t’aime, ni te raconter des mensonges rapidement recopiés sur des pages froides, préfabriquées, prédigérées.
Ce serait si facile, si malhonnête, si loin de ma vérité.
Tu n’y croirais pas.
Tu aurais raison.
Les promesses, les envolées, tout cela est dépassé.
Cela appartient à une époque où tout était neuf. Nous ne le sommes plus, ni l’un, ni l’autre. S’en rendre compte, n’est-ce pas le moyen de trouver la force pour reconstruire une vie ?
Aussi, pourquoi te parler de certitudes alors que nous avons d’abord à nous faire confiance ?
Le temps sera le témoin de notre passion, le seul juge. Franchir ensemble les étapes qu’il nous présentera est un défi que je veux relever en ta compagnie.
Alors, reçois simplement ces quelques mots pour savoir que j’ai pensé à toi.