Extrapoler
Extrapoler sur un canapé le monde d’après
Faire semblant qu’il reste tant de choses à créer
Basculer dans une ivresse d’ un à peu près
Exploser de joie par caprice puis se mettre à pleurer
Sans comprendre pourquoi le monde est apeuré
Fragilisé par tant de rejets, autant d’anxiétés
Engendrées par des annonces à l’avenir emmuré
Extrapoler sur un canapé le monde d’après
C’est comme demander à un chien de chanter
Puis de composer un Requiem et enfin de le diriger
On ira à confesse pour raconter nos futurs péchés
Ne plus croire qu’il existe une fatalité enivrée
Des tonnes de folies distillées par des gens endimanchés
Dont les rêves sont ceux d’autres payés pour les imaginer
Extrapoler sur un canapé le monde d’après
C’est faire du présent un passé composé
Qui implique de posséder une conjugaison aiguisée
Ciselée comme l’ouragan venu tout balayer
Les tombes de ces cimetières aux dalles délavées
L’oubli a ce don de rendre les souvenirs parfumés
Puis de s’estomper dans un brouillard noir et grisé
Extrapoler sur un canapé le monde d’après
J’en ai rêvé entouré de fleurs aux teintes exagérées
Une aberration et une approximation outrageusement colorée
Je n’en suis plus à une exagération aux goûts frelatés
Où se cache l’étincelle qui viendra réveiller
Les fantômes glorieux qui s’appelaient des chevaliers
Brisant de leurs épées les sceptres aux idées carbonisées
Lire la suiteVertige
Vertige, calamité, obsessions et bien plus encore
Sur le tatamis de la vie, approximatif, rocambolesque
Vital, totalitaire, en susurrant une exception presque
Exceptionnelle avec une virgule dans l’angle mort
Qui copule avec des mots grossiers, orduriers et policés
J’en apprécie l’absence de venin sur la lagune de satin
Elle brille, scintille comme un arbre de noël illuminé
Sans cadeau à ses pieds dans le tohu-bohu d’un petit matin
Il en est ainsi comme d’une marque d’esclave oubliée
Qui ne part pas au lavage du temps, c’est immérité
Mais comment effacer tant d’infidélité à la postérité ?
Il y a encore sur le papier des mots violents, offensant
Qui hantent la mémoire, le passé, en s’érodant si lentement
Je ne peux les répudier, ils ont cette force de s’alimenter
Quand sera creusée la fosse de ces corps, de leurs infirmités ?
Lire la suiteRitournelle
J’entends comme une ritournelle
Le bruissement des temps écoulés
Cet effritement au goût de citronnelle
Mélangé aux aurores de fraîches matinées
Une fois encore avec quelques arbres morts
Une volée de ragots, une poignée de trémolos
Je goûte ce venin, tu me parles de festin
Où sont nos absolus, nos corps nus ?
J’entends le vent, je ressens le temps
Apocalyptique pour rester hermétique
Mes rêves sont noirs, tu me parles d’espoir
Incongrus ou téméraires, on a tout vu
Les extrêmes pour croire que l’on s’aime
J’ai la frénésie comme rêve inabouti
Et alors ? On a le droit de s’enthousiasmer
Pour des riens en guise de petits fours
Quitte à rester adolescent entier ou en kit
C’est ainsi pour fredonner une ritournelle d’été
Lire la suiteFin d’été
Inanimé, endormi ou presque désespéré
Parmi les effluves d’une quelconque fin d’été
Là où tangue le blé sous le vent asséché
S’étire sur le fil tendu d’un renouveau espéré
Un matin calme, bruissant des vrombissements
D’un conglomérat d’abeilles s’en allant butiner
Pour faire semblant que tout est doux et parfumé
Pour sublimer des sensations à peine refoulées
Dis-moi où s’abritent nos nuits noires et endeuillées ?
Taguées de ce passé lattant, furtivement engoncé
Venu nous hanter depuis si longtemps
Il est là, en bandoulière, se balançant à nos cotés
Je le vois, le ressens pressant, omniprésent
Un corps inerte habillé d’oripeaux colorés
Avec quelques souvenirs vaguement accolés
Son frémissement me parcourt, me fait trembler
Dans une sorte d’extase, dans une ode endiablée
A la félicité de ces temps immatures et enjoués
Lorsque tout n’était qu’aisance et facilités
J’en ai oublié les sensations ne laissant qu’une traînée
De quelques poussières envolées sur la voie lactée
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