Une porte s’est ouverte, lentement, laissant apparaître. Des pas, une lumière avant de n’être. Qu’un flot ininterrompu d’eau portant tant d’êtres. A la dérive emportés par le torrent d’une foule en mouvement. Marche forcée vers un autre matin avant que le ciel ne se lève. Effaçant la veille sans se retourner comme si rien ne s’était passé. Si vite oublié, sans aucune trêve. Pour cette progression sans fin sur l’unique chemin de tracer vers le lointain. Suivant la marche du premier, luttant pour le rester. Éteignant le jour; ne laissant que le noir pour ne plus voir. Portant une bougie qui n’a plus rien d’une étincelle. Unique rappel. De l’existence de ces fantômes de pâles matins. Qui ne savent plus se prendre la main. Perdant peu à peu. L’originalité qui aurait pu faire d’eux. Des vagabonds heureux. Sur des chemins plus caillouteux. Loin de l’autoroute accessible et si facile de se montrer docile. La porte s’est refermée, lentement, laissant disparaître. Le dernier évitant de paraître. Qu’une image volée. Avec cette impression maintes fois répétées. D’avoir vu passer ce défilé. D’êtres morts et enterrés sans autre projets. Que d’additionner les journées entravées. A la chaîne de pensées usées. Élimées à la pierre du silence. Fantômes dont personne ne remarque l’absence. Évitant l’offense. De les regarder passer. Chaque soir, de leurs pas forcés en se disant qu’il n’y a rien à leur envier. Si ce n’est de se protéger. De tomber sur leurs pavés.