De la gueule du loup coule le sang. De la chair en lambeaux entre les dents. La truffe rouge, le poil collant. Regard envoutant. Fils d’une louve et d’un chevalier errant. Union improbable brisant le serment. De l’équilibre du ciel et du temps. De la gueule du loup coule le sang. D’une bête capturée. Brisée d’une mâchoire acérée. Sous la pression de crocs assoiffés. D’une langue voulant laper. La vie partant en giclées. Le poil éclaboussé. Les griffes plantées. Pour mieux déchirer. De la gueule du loup coule le sang. Sans hésiter pour s’unir. Aux râles avant de mourir. De la biche arrêtant de souffrir. Ayant fini de fuir avec la peur de faillir. Courir inutilement avant de gémir. Fauchée par l’envol du prédateur coupant le souffle qui respire. De la gueule du loup coule le sang. Sur un sol de fleurs. Exorcisant le malheur. D’une affreuse douleur. Qui n’a que le rouge de couleur. Laissant une tache noire toute à l’heure. Ultime trace d’une terrible peur. De la gueule du loup coule le sang. Aux yeux naturels. Habités d’une violence cruelle. Sans appel. Jetant sur sa proie la puissance de son corps rebelle. D’une grâce qui pourrait être belle. Portant la haine sur ses ailes. De la gueule du loup coule le sang. De l’errance dans la solitude de longues nuits. Sans compagne, puni d’être le mauvais fruit. D’amours interdits. A qui rien n’est permis. Si ce n’est le plaisir de ce qui détruit. Fais pour creuser le lit. D’une mort dans une lente agonie. Au -delà de l’ennui. De la gueule du loup coule le sang. D’une dernière confession. Ultime répulsion. Avant de mettre en parenthèses tant de questions. Sur la raison de cette lente aversion. De ne plus trouver de passion. Dans la chasse et sa conclusion. De la gueule du loup coule le sang. Amer. Froid comme le vent de l’hiver. Solitaire, cherchant la raison de ce mystère. Qui peu à peu enterre. La raison et le caractère. D’une âme autoritaire. De la gueule du loup coule le sang. D’une tristesse. D’une maladresse. Qui se pressent. Faisant ressortir ce mal qui oppresse. D’être seul dans cet océan de rudesse. Loin de toute tendresse. N’exprimant que ce qui blesse. D’une attitude vengeresse. De la gueule du loup coule le sang. D’un reflet bleu. Brûlant comme le feu. D’un ultime aveu. De ne plus être heureux. D’errer abandonné sous de mauvais cieux. Sans maitresse, ni dieu. Juste coincé à la mauvaise place tout au milieu. Celle où il reste si peu. Que ce goût à peine gouteux. Du rouge et du salé unis tous les deux. Vampire laborieux. Voué à être malheureux. De la gueule du loup coule le sang. Qui n’arrête pas de suinter. Programmé pour tuer. Quitte à le répéter sans aimer. Détester, haïr cette destinée envoutée d’être mal né. Où il est écrit à jamais. Que de la gueule du loup coulera le sang.