Évanescence
Où sont nos symboles, ces humeurs qui caracolent ?
O toi l’irrémédiable ténébreuse, fille de colères
Guerrière immature aux cheveux rouges de folle
J’embrasse tes turpitudes sous le soleil noir et fier
Tombent du ciel des larmes de pluie et bien plus encore
Le sang, le sel se répandant gluants sur nos corps
Je pleure leur évanescence, la lente dissipation
De ces heures avant l’irréversible disparition
Qui fut ce temps de lenteurs, de grandes peurs
Peurs de s’éparpiller, de s’abandonner, d’écarter
Peurs de gaspiller, de jeter, de brûler, de sombrer
Puis de rester là seuls face à l’abîme comme ça
Impuissants avec la nostalgie frétillant à petits pas
En découpant ou fissurant le quart d’un dernier été
Jusqu’à la constellation immatérielle de l’immortalité
Oui ce fut cet instant ébloui au contour indéfinissable
Toi et moi au présent, envahissant, lisse et contraignant
Recroquevillés sous l’ombre intense du baobab adorable
Qui vint féconder l’absolu de notre errance parmi le néant
Lire la suiteUne ordonnance singulière
Parle-moi de la nuit comme d’une évidence
Qui caracolerait dans les méandres de l’enfance
Une ordonnance singulière atone et majestueuse
Ombragée de ces humeurs vives ou impétueuses
Ourlées de l’insuffisance d’une voix triste et sombre
J’entends ce corps qui m’abandonne parmi les ombres
Toi, qui fut altier et tentaculaire aux reflets partagés
Nous sommes le bémol de l’indolence, cette évidence
Toutes les nuits sont bleues, étoilées et parsemées
D’une tendresse, d’une caresse, de tant de promesses
Cristallisant les larmes de nos pleurs, le sel de nos peurs
J’ai pour raison de tracer entre les blés un chemin de pierres
Hors de l’eau, extrait des carrières, pour nous sans manière
Un temps fait de rémission, de confession, d’absolution
J’en requiers le caractère insoumis en parfaite rébellion
En totale addiction avec nos évanescences irrespectueuses ?
Je suis la norme, l’hexagone aux frontières ténébreuses
Ce rien infime qui s’embrase, s’insinue parmi nos mimes
Petite chose au grain sucré, particule de miel qui sublime
Le temps d’antan dont la nostalgie s’évapore de nos pores
Je crois aux poses convenues quand d’hier s’élève l’aurore
Le sommeil éternel, le sort, l’instant devenant immaculés
Je porte aux lèvres ce calice avachi sur le canapé corseté
Ton corps aux courbes évasives, tes lèvres interrogatives
S’étendant à l’infini vers les confins de nos exigences vives
Succomber devant l’étrangeté de penser encore s’aimer
Et de tracer sur la toile des affirmations aux dermes parfumés
S’il-te-plaît, parle-moi de la nuit comme d’une évidence
Celle qui s’en alla caracoler dans les méandres de l’enfance
Lire la suiteUn prénom
Sur une paillasse il aime s’abreuver de fruits liquoreux
S’étendre dans une alcôve aux parfums venimeux
Attendre l’aube blanche en lui donnant un prénom
Faire de cet abandon l’extase d’une célébration
Aux dieux de l’imaginaire sans codes, ni raisons
Blancs et noirs sur l’échiquier d’une soumission
Il caresse le rêve insensible de cette apothéose
Une nuit parmi les évidences fragiles de la nuit
Ce triste alcool imbibant l’impavide virtuose
S’affaiblissant en accablant le soleil qui pâlit
Il s’invente des mondes à la lumière qui luit
Elle irradie la pénombre grise de ses labyrinthes
Où la nuit il abandonne ses peines et ses plaintes
Elles se répandent en larves funestes sur ses terres
Souillent le blé de ses espérances fécondes et amères
Alors que s’amplifient ses imperceptibles faiblesses
Lorsqu’il s’endort et qu’à jamais ses cris ne cessent
Lire la suiteVide
Je me sens vide, proche d’un gouffre intrépide
A narguer l’inutile, l’infiniment triste et avide
Dans une hérésie faite aux points cardinaux
Dans la dissimulation du réel, de ce qui est beau
Sais-tu où s’échappent nos forces vitales ?
Dans le trépas d’une réflexion infernale ?
Pourquoi sommes-nous devenus, laids et bossus ?
Alors que tout là-haut sommeille l’ange cruel et têtu
Il rit, se moque, nargue l’irrémédiable fatalité
Celle de notre affaiblissement vers l’ombre nacrée
Elle est là, je la vois lentement hésiter, s’approcher
Possède assez de temps pour ne pas être impatiente
Peut caresser l’orgue, ses touches flamboyantes
Dans le requiem de notre défaite, cette quête
Qui s’incruste dans notre sang, dans nos têtes
Je te parle de nos peines, nos guerres sans haine
Cette routine de l’instant qui abrite nos gènes
Où s’enfoncent les eaux des lacs glacés ?
Où se couchent les soleils des nuits bleutées ?
J’ai l’idéal d’en dessiner le rouge écarlate
De voir nos âmes virevolter comme des acrobates
Il est en nous cette fragilité de l’abîme ironique
Nous irons l’observer sombres et stoïques
Il me reste la nostalgie de nos nuits
Effacées parmi les ombres de l’oubli
Comme une allée entre les blés
Tracée sans barrières, ni pierres
Comme une fêlure entre les haies
Où es-tu l’absence capricieuse ?
Donne-moi cette clé précieuse
Qui ouvre le corps de ta mélancolie
Afin de m’acheter la paix puis la folie
Banalement dans l’absolu d’une ironie
J’ai l’impatience de cette évidence
Mes pleurs en cacophonie de l’offense
Comme une danse, un pas ou une hésitation
Qui s’enroulent autour du totem en rotation
Jusqu’à l’aboutissement imparable
Notre fatalité, l’explosion inébranlable
L’éboulement de tout dans une avalanche
Le néant qui roucoule en prenant sa revanche
Je rêve d’une immortalité silencieuse et furieuse
Née dans l’aurore de nos turbulences impétueuses
Lire la suiteInfernal
Il n’y a d’infernal que la versatile vérité
Toi aux dentelles noires, aux enfers colorés
Ombre de mes cauchemars fragmentés
Errant au-delà des parapets de l’immortalité
Je te parle, je t’implore, j’évoque le sort
En talisman d’une érosion qui nous mord
Je lis pour toi ces écrits sur un marbre fissuré
Ils sont les fragments d’une obsession amplifiée
Dans une aube aux contours sombres et avinés
Je la regarde briller et dans le firmament s’élever
Lire la suiteÀ jamais immobiles ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’un état extatique aux formes amoindries
Cette eau échappée d’une cavité, un talisman
Entre les doigts d’un dieu, presque un enfant
Immature face à nos rebellions, souviens-toi
Lorsque nos tremblements éveillaient notre foi
Dans l’instant, ce paravent au vice de la fatalité
J’ai en moi cette porosité de t’aimer, de t’admirer
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
Lassée de nos variations, polies et arrondies
Nos silences, leurs cris, la rédemption
D’une fatalité aux os effrités, aux rires effacés
L’offense de violer le sanctuaire d’une exception
Banalement en avilissant nos concessions au sacré
Stupidement pour exister avec le plaisir de haïr
Jusqu’où irons nous pour encore frémir et rugir ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’une particule, d’un effleurement imperceptible
D’un tout, d’un rien, sur un papier tracé au fusain
Par le prétexte de fusionner, de devenir inaccessibles
Nous effaçant en validant les suppositions d’un devin
Elles entailleront nos certitudes, écriront la fatalité
Émotionnelle de nous perdre dans le labyrinthe violet
Dis-moi si peindre hier donnera une couleur à nos enfers ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
D’une mélodie, cette folie rageuse comme une anxiété
Un abîme aux tréfonds de nous, fous de cette vérité
Violente, irrationnelle, vertueuse, quasiment vénéneuse
La magie d’un tremblement, la métamorphose heureuse
De nos fantômes qui séduiront des nonnes aphones
Danseront avec elles sur une musique qui cartonne
Pourquoi leurs effusions resteront-elles sans passion ?
Je te parle d’infini, d’une envie, notre vie
Sans rancœur, le soir à la lumière d’un bougeoir
Témoin d’une infortune, sans rien, ni même avoir
Courir pour ne pas être vu, s’effondrer, s’assoupir
Par instinct, avec l’esprit de survie, ne pas mourir
Explorer l’inutile, lui donner un sens, une idée majeure
Maintenant à toute heure, j’attends encore cette lueur
Existe-t-il un lieu où nous resterons à jamais immobiles ?
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