Je suis arrivé au bout du chemin, face à la porte de ton jardin. Il y a l’entrée de ton logis au loin. J’exagère, si proche, trop proche. Quelques pas encore, je serai prêt de toi, retrouvant nos habitudes, sombrant dans la routine. Le feu dans la cheminée, la nuit qui tombe dehors, les flammes qui éclairent nos visages. Dessus, des ombres, trop d’ombres. Je n’arrive plus à voir les formes de tes sourires, sont-ils contractés ou relâchés ? Je n’ai plus envie de les regarder. Ils ne sont plus qu’un lointain passé car les flammes de la cheminée ont créé la répétition, la monotonie, la lassitude, émiettant, carbonisant notre passion. Je l’ai compris à cette envie de partir qui m’assaille. Je n’arrivais pas à la définir. J’ai cherché sans trouver. Puis, là, maintenant, à cet instant devant le jardin, au bout du chemin, je ne peux plus avancer. J’ai envie de reculer. Je n’ai plus de force. Pourtant, avant, j’entrais en courant, toi dans mes bras te jetant. Que nous est-il arrivé ? Non, ce n’est pas la bonne question. Qu’allons-nous devenir ? Allons-nous verser dans la gestion de notre misère ? Je n’aimerai pas savoir que tu as de la pitié pour moi. C’est ce que je ressens pour toi. J’en hais honte. Je ne veux pas que tu le lises sur mon visage aux sourires contractés. Je me cache au fond du fauteuil, évitant les éclats des flammes qui me harcèlent. Je ne veux que la nuit, le noir, pour me cacher, ne plus trouver le chemin, me perdre, ne pas entrer, que mon absence soit justifiée. Mais, je n’ai pas cette force. Un jour, peut-être…