Je t’écris sous un déluge de neige et de glace. Derrière le miroir d’une image qui m’enlace. Toi, habillée du voile vaporeux de nos jours heureux. S’étendant dans les méandres d’un temps. S’enfuyant à chacun de tes mouvements. Dont je ne cherche à retenir le souvenir. Je t’écris sans parvenir à définir les mots que je voudrais te dire. La pointe acérée du crayon pourfend le papier. Comme une âme blessée portant en elle le venin qui l’a empoisonnée. S’étendant dans nos chairs tuméfiées, nos viscères carbonisés. Avec ce poids du regret. Que je ne peux encore répéter. Au point de te lasser. Mes mots s’entrechoquent. Je bloque. Incapable de te raconter que j’ai pu t’aimer souvent te détester. Toi, tout autant, je le sais. Banal ou infernal ? Détestable ou admirable ? Je t’écris sous un déluge de neige et de glace. Derrière le miroir d’une image qui m’enlace. Sans pouvoir faire le premier pas de me lancer. Impuissant et muet, presque parfait ? Tu pourrais commencer à me remarquer. Moi, le fantôme de tes erreurs effacées. Le souvenir oublié . Je porte ce fardeau sur le dos. Sans souffrir , sans blêmir. Jusqu’au bout du bout. Avec ce regret de ne savoir te dire. Que j’ai tant de choses à t’écrire. Sans que tu puisses un jour les lire. Je t’ai imaginée, façonnée. Dans la solitude de mon infortune. Accompagnant mes pas sous la lune. Trépignant devant mes lacunes. Je t’écris sous un déluge de neige et de glace. Derrière le miroir d’une image qui m’enlace. Seul, toi sous le linceul. De mes rêves consumés. J’ai cherché à t’oublier. J’ai cherché à t’enterrer. Sans y arriver. Tu hantes ma mémoire sans espoir. De te revoir.