T’enfuir ? Pour aller où ? Tu ne passeras pas le fossé du château. Et si tu y parvenais, tu serais bloquée à la grande tour qui garde le jardin. T’enfuir ? Pour faire quoi ? Vivre sans moi ? Ne l’imagine pas. Je n’y pense pas. Tu es à moi. Pour toujours. Sans amour. Et alors ? Nous en faut-il pour faire semblant ? On appris à se mentir. Je te laisse regarder par la fenêtre. Croire qu’ailleurs c’est mieux, qu’ici c’est pire. Imaginer, pour te faire du bien, pour être. Ce que tu n’as jamais été de ton vivant. Maintenant, tu as tout le temps. Les siècles, les années. Pour traîner dans les chambres, les salons, les yeux bandés. Enfermée dans ce château où nous sommes emmurés. A jamais. Tu peux le hanter. Faire peur à ceux qui osent le visiter. Ton jeu est malsain. Il te fait du bien. Pour être seule. Faire la gueule. Regarder derrière la fenêtre le monde tourner. Il ne bougera pas. Pour nous, il est figé. Tu ferais mieux de te jeter dans mes bras. Lovée tout contre moi. Pour étouffer notre peur. De cette vie éternelle. Qui nous ensorcelle. Nous révèle. L’un face à l’autre. Celle qui a tué l’amour. Dans la répétition terrible de chaque jour. Où chaque nuit, est pareille à chaque matin. T’enfuir ? Pour aller où ? Chercher les réponses à notre mystère. Qui a fait que nous sommes restés sur terre. Certains disent que nous nous aimions trop. Que nous ne pouvions pas nous séparer pour faire le grand saut. J’aimerais qu’ils aient raison.