Touche mes doigts habités de toi. Murmure des mots que j’imagine. Que tu chuchoteras comme çà. Violents, insipides et indolents. Noirs sans autre couleur que l’illumination sombre. De nos maux intemporels ; de nos yeux cruels. Nous déambulerons versatiles, superficiels. Ombres parmi les squelettes de nos démons.
Murmure des mots que j’imagine. Dans la répétition addictive. De t’entendre extatique inexpressive. Parler d’hier, de nos visions. De demain comme d’aujourd’hui. Temps où nous serions toujours amis. Obsession que je croyais, que tu annonçais. En déraison dans des poèmes. Avec passion usant de blasphèmes.
Murmure des mots que j’imagine. Dans le sang virtuel de tant de promesses. Que je bois sur tes lèvres sans cesse. Assoiffé, irradié, atomisé. J’endure notre absolu avec irrévérence. Aussi avec patience et abstinence. Sur nos corps se dessinent les rides d’or. De nos courtoisies affadies.
Murmure des mots que j’imagine. Pour donner à l’automne les floraisons du printemps. J’irai dans le verger parler à l’été. Comme un menteur, bonimenteur, charmeur. Pour obtenir l’impossible. Du soleil sur nos cicatrices. Le hale d’un bronzage merveilleux. Possible malgré nos avarices. Aux sentiments fragiles et élogieux.
Murmure des mots que j’imagine. Pour que les épouvantails de nos vies. Chassent les corbeaux aux becs jaunis. Des terres vierges de quelques paradis. Où s’ébattent les enfants que nous avions espérés. Tous affublés d’un prénom inutile. Aux prononciations difficiles. Effacés dans un oubli sourd et maîtrisé.
Murmure des mots que j’imagine. Caricatures d’une expression qui dure. Notre immatériel décoratif. Cette suffisance arrogante. D’un désespoir toujours à vif. Lente dégénérescence de nos ornements. S’effritant parmi le rugissement d’ouragans. Il ne nous reste rien. Ce si peu qui nous retient.
Murmure des mots que j’imagine. Le matin, le soir, dans l’instant présent. Hommes de paille reflétant nos failles. Avec le caprice avilissant d’une attirance. Mémorielle et intense. Suffisance de papier dans une posture de condescendance. Je tremble, je respire ces vapeurs d’essence. Qui maintiennent en éveil nos sens.
Touche mes doigts habités de toi. Murmure des mots que j’imagine. Que je m’endorme près de toi. Que nos nuits ne soient jamais pareilles. Pour illustrer nos impuissances. Pour sublimer nos différences. Miel d’un tout et de son contraire. En caressant le velours de nos misères. Pendues sur nos épaules en bandoulières.