Je ne t’ai pas creusé de tombe. Toi, ma muse imaginaire. Tu l’aurais refusé de toute manière. Tu disais vouloir partir et être oubliée. Ne pas devenir posthume et objet de culte. Tu savais que j’aurais souffert d’être présent à tes obsèques, de devoir pleurer et m’apitoyer. Tu ajoutais que mon cœur saurait conserver quelques éclats de lueur. Tu invoquais notre passé comme ce temps de félicité à devoir conserver. Tu seras heureuse de savoir que je l’ai embaumé. Avec ma peine, mes remords dans du papier glacé. Souviens-toi de nos vols sur les étendues gelées, les montagnes blanches et givrées. Nous allions si loin vers des univers sans fin. Dans le froid, le silence revêtus de la douleur blanche de l’ennui.