Pourquoi ? Le silence d’un jour s’endormant dans la traînée laiteuse d’un soleil s’éclipsant. Pourquoi ? L’herbe rase s’étendant jusqu’aux dernières contrées illuminées. Pourquoi ? Les fleurs ondulant sous la brise légère d’une pénombre passagère. Je pense à toi. Pourquoi ? Un arbre abandonné , solitaire, fier. Pourquoi ? La chaleur du jour s’enfuyant dans un reste de douceur passagère. Pourquoi ? La clarté s’effaçant pour une noirceur sans lumière. Je pense à toi. Pourquoi ? Question inattendue, saugrenue. Pourquoi ? Je t’avais oublié et ce soir dans mes souvenirs tu es revenue. Pourquoi ? Je t’ai laissée t’enfuir dans la traîne d’un soleil s’endormant. Pourquoi ? Cette soudaine interrogation empoussiérée du sommeil des ans. Pourquoi ? Pas plus tôt, pas plus tard ou même jamais. Pourquoi ? Je pense à toi. Pourquoi ? J’en suis accablé, inquiet, paralysé. Pourquoi ? Mon abandon est semblable à cet arbre solitaire. Pourquoi ? Avoir peur du vide environnant en faisant le fier. Pourquoi ? Ne pas fuir en arrachant les racines de ce sol amer. Pourquoi ? Je pense à toi. Pourquoi ? Alors que je n’ai plus rien à attendre ni à espérer. Pourquoi ? Avec la violence de la culpabilité. Pourquoi ? Que t’ai je fait. Pourquoi ? Ne l’ai-je pas fait. Pourquoi ? J’ai si peu pensé à toi…