Plus tard face au tribunal de nos erreurs. Plus tard face à la tristesse de nos détresses. Je charmerai nos âmes morbides. Je confisquerai nos nuits apatrides. Et me poserai en protecteur de nos lois. Où le chrysanthème est roi, l’éphémère est foi. Puis nous tanguerons avec la chrysalide cupide. Sur des gondoles phalloïdes dans le rêve liberticide. De s’étendre inanimés et contentés.
Mais avant il y aura eu l’imperceptible nature. Le vent fou des tempêtes contre nos murs. L’arrachement des ligaments de nos aventures. Ces bris de glace avec tant d’éclaboussures. Sur lesquelles nous avons posé nos lits de luxure. Je me souviens de nos fantasmes immatures. La fracture de nos failles et de nos blessures. Inscrites dans notre peau sous la griffure. Féconde de nos assauts contre nos armures.
Alors, j’ai pris le droit de plonger en toi. J’ai compris être aux abois. Dans le songe indolent de m’habiller du néant. En cheminant vers un impossible aboutissement. Nos squelettes dansant dans une ritournelle qui entête. Une fuite vers un hier dans le renoncement absolu. D’attendre une nouvelle aube nue. Nos corps se réchauffant entre ses tentacules. A la sortie d’un été de canicule.
Tandis qu’il nous restera si peu, un champ de coquelicots. Le départ en fanfare de hussards au galop. Puis le silence dans l’amertume d’une sentence. Nous deux seuls à s’épier et s’observer. Le temps se balançant au bout d’un pendule. Nous deux noctambules et somnambules. Ne parvenant pas à retenir le sable s’égrenant entre nos doigts. S’inoculera alors un instant figé de mauvais alois.
Avec le temps venu de nos rides. Le vide profond de nos abimes. Cette fuite candide qui coïncide. A l’effondrement de la pyramide ultime. Caverne de nos refuges. Transfuge de nos balivernes. Je danserai sur les ruines de ses décombres. Et me prélasserai dans la lumière sombre. D’un fragment de lune éparse et brune. Pour t’offrir les lettres d’un poème. Dans les accords atones d’un requiem.
Puis nous dormirons sur les feuilles d’un automne. Nostalgique dans les arabesques agonisantes. D’une horloge noire qui égrènera. Le cantique de nos corps nus. Habillés sous l’onde palpitante. D’une brume à perte de vue. Et nous gouterons la langueur de nos lenteurs. En apostrophant la paresse de nos tendresses. Dans le désir futile de nos caractères indociles.
J’aime les lenteurs de nos langueurs. J’aime les paresses de nos tendresses. Je désire le futile de nos tempéraments indociles. J’aspire au fusionnel de nos présents immatériels. Et me pose comme l’oiseau noir sur notre peau. En courtisant l’imprévisible. Dans l’espoir vain. Qu’il ne mette jamais fin. A notre projection vers l’impossible. Sculptant dans les pierres de nos cimetières. Les statues blêmes de nos enfers.
Je leur parle comme à des enfants tétanisés. Je les choie face au miroir de l’onde glacée. Coupant dans leurs reflets les bouquets de fleurs fanées. Et, je bois l’eau immonde coulant à leurs pieds. Que des chevaux au galop ont projetée. Laissant le suint s’écouler et se mélanger. A l’infini sur le bord d’un chemin contaminé. Dans la bénédiction d’une offrande abandonnée.