Il y a au loin cette répétition lancinante du battement du temps. Contre la carcasse d’une cloche burinée qui ne se lasse pas. D’être frappée, raisonnant d’accords faussés sur le canapé des ans. Il y au loin, la plainte d’un appel qui sonne, résonne. Cette absence de réaction qui étonne. Juste balafrée de l’éclair d’un orage qui tonne. Il y a au loin ces nuages s’effondrant sur la crête de l’horizon. Effaçant, le rouge sang d’un jour qui se meurt. Il y a autour de nous le bruissement du vent. Nous emportant, tourbillonnant. Dans une danse sans repère. La tête folle, les jambes légères. Sur un sable de bord de mer. Les pieds mouillés. Des vagues étirées à en bailler. Dans une langoureuse torpeur. Toi et moi, seuls avec nos peurs. De ne pas savoir à quelle heure. Sonnera pour nous la cloche du temps. Il y a au loin, le murmure du vent. Portant. Les coups saccadés. D’un écho démesuré. De géants frappant violemment le cours des ans. Des rides s’étirant. Sur nos visages fatigués. Marqués par les embruns d’une vie où les larmes ont creusé les sillons de ces sentiments. Qui aujourd’hui nous habitent. Nourrissant le sens de notre passion. Avec pour unique raison de refuser l’avancée du temps. Qui s’emploie à nous séparer. Il y a au loin cette petite voix. Qui nous parle. A toi. A moi. De nous dépêcher, de nous serrer, de nous aimer. De nous dires ces mots qui recèlent nos secrets. Et de vite commencer.