Aux mouettes, je donnerai ce petit paquet. Celui dans lequel nous avons enfermé tous nos secrets. Avoués ou inavoués. Cela n’a plus d’importance. Aux mouettes, je demanderai de s’envoler. De planer vers ces lointaines contrées où elles iront le déposer. Ce sera notre chance. Aux mouettes, je confierai notre besoin de nous échapper. Elles planeront jusqu’à cet endroit où l’on ne peut plus marcher. Ce sera notre dernière espérance. Aux mouettes, je remettrai notre bagage léger. Elles s’attacheront à le porter, le transporter avec respect. Ce sera notre ultime romance. Aux mouettes, je demanderai de les accompagner par la pensée. Au-delà des flots, des tempêtes, vers le couchant rougeoyant d’un soleil d’été. Glissé dans la fragilité de nos secrets. Cela a tant d’importance. Il ne nous reste plus qu’elles à venir nous visiter. Pour chaque matin un bout de pain chapardé. Devant notre fenêtre, elles nous apportent les nouveautés. Cela résume notre impuissance. Voler, planer, sur leurs ailes transportées. Regarder l’univers dessous s’étaler. Ne pas le toucher, juste l’observer. Cela sera notre chance. Jusqu’au bout du monde se projeter. Quitter notre fenêtre à l’univers étriqué. Se projeter, avoir des projets, l’ultime, le dernier. Cela se fera sans arrogance. Juste s’envoler.Pour encore vibrer. Pour encore respirer. Ce sera notre délivrance.