Je tire ma révérence à l’enfance. Écartelant les mâchoires du carcan. De mes rêves impassibles. Je crache sur la poussière du temps. M’apitoyant sur l’araignée laborieuse. Fille de souvenirs irascibles. Moi tissant avec de la lieuse. La paille recouvrant mes doutes et mes failles. Je fuis hier me plongeant dans la nuit. En prenant la lumière du falot. Tenu par une patrouille de badauds. Comme étoile polaire infantilisante. Placée là pour guider mes pas. Vers une vision décadente. D’être un cheval de bois sur un manège. Où se damnent mes souvenirs un soir de neige. J’entends un orgue de barbarie. Je relève une odeur de vomi. Rêve de notre château qui fut si beau. Arlequin boulimique de nos jeux. Magicien magnétique de nos vœux. Protégés par des murs aux velours capiteux. Vertiges de nos assauts furieux. Absous dans le sarcophage de l’ivresse. Une bouteille de verre à la mer. Parle-moi de nos faiblesses.
Je prédis à nos enfants absents. Des ciels tristes et gris. Pour qu’ils acceptent le compromis. D’une vision intemporelle du temps. Où les nénuphars seront artificiels. Les escargots rapides comme des gazelles. Leur terre ne sera pas ronde. Au travers du prisme de l’interdit. Ce diabolique à l’âme féconde. Coupant ses fleurs sur un sol maudit. Mais ils forceront la gravité à se plier. S’élevant entre le saule et le peuplier. Sur une partition où l’azur sera bleuté. Nous dans les mains des pétales d’oranger. Et, les volcans deviendront tempérants. Rucher d’où s’écoulera le miel des abeilles. Tu lècheras mes doigts. Moi, frénétique de toi. Dans l’éblouissant merveilleux. De rides sur une peau de vieux. Oraison d’une pénombre glorieuse. Dans la fatalité limpide et liquoreuse. De la ciguë de l’érosion de notre temps. J’arrache au présent sa date de péremption. Je crucifie l’idée de toute soumission. Rebelle à tout jamais je t’interpelle. Parle-moi de nos exceptions.
J’ai caressé la tête d’une louve. Une nuit de froid dans les bois. Martyre de chasseurs que je désapprouve. Nous sommes allés dans une taverne. Enfumée au fond d’une caverne. Nous avons parlés de nos amours amers. En observant du lichen incrusté sur de la pierre. L’aube décatie nous a sortis de notre misère. Sur un radeau en ermite je suis parti. Vers les grands lacs en quête d’oubli. Crépusculaire où planent des chouettes. Et leurs têtes de marionnettes. Devant une fourmilière rouge et noire. A l’activisme sans espoir. Moi, qui pense à toi. Je suis loin de toi. Rêve de notre château qui fut si beau. Quand nous étions jeunes et orgueilleux. Quand nous faisons des projets audacieux. Je regarde le ciel obscurci. Pour en chasser la nuit. Je dessine des elfes et des trèfles. Je survis avec des orties et des nèfles. Dans la mélancolie de notre passé enfui. Entêtant, violent et absent. Je m’adresse au vent. Parle-moi de lui tout le temps.