Il reste l’image floue d’un kiosque en hiver. Le froid, la neige étendue à ses pieds. Le frisson d’un tressaillement en pensant à ce mystère. Le silence envoutant d’une nuit pétrifiée. En regardant danser les fantômes d’autrefois. Virevoltant émerveillés sous le dôme en croix. Tant de sourires et de rire pour finir. Évanescents aux confins de l’immortalité. Il reste le son effacé d’un violon désaccordé. Désenchanté qui pleure et qui gémit. Sanglotant sur la détresse de ses notes. Libellule luisant au firmament du crépuscule. Là-bas plus loin aux confins de la grotte. Où sévissent les spectres assoupis et fardés. De gris et de noirs qui te hantent. Je les vois agenouillés les mains en croix. Ils prient afin de conjurer. La mort ses tentacules effrayantes. Implorant les danseurs d’autrefois. Tu les appelles mais ils ne te voient. Leur histoire gravée dans le miroir. De glace que dessine le froid. Avec les larmes qui coulent de toi. Chimères indolentes et sans manière. Que maltraite le vent et le tonnerre. Parmi les lézardes de ton cœur. Je bois tes pleurs me noie dans ton malheur. Enseveli et meurtri je m’avilis. Ainsi me rapproche de toi. Transis je ressens le froid. Qui recouvre notre cimetière. Il ne reste que l’image floue d’un kiosque en hiver. Où nous dansions sur les pas de notre passion. Silhouettes pendues à nos fils de marionnettes. Ce leurre qui m’a fait perdre le goût et la saveur. De toi cette impuissance que je porte en croix. Sur les chemins d’errance qui affligent mon destin. Sous ces soleils noirs qui glacent mes os. Je me morfonds sur cet avenir sans lendemain. Sans toi seul face au vide du cosmos. Je me raccroche à si peu à hier. Et ne me reste que l’image floue d’un kiosque en hiver