Je me souviens de ce tout et de ce rien. Dans le cortège invisible de nos âmes fanées. S’en allant boire l’eau à la source du passé. Le visage déformé dans les ondes du reflet. Je te parlai alors du sol des terres noires. Là, où se meurent les racines d’un soir. Veules et sans caractères. Celles qui nous ont trahis. Après nous avoir promis. Le vin et le nectar d’un immense festin. J’y ai cru pour oublier notre misère. Fuyant sur les rives d’un fleuve asséché. Où s’érodent des larmes putréfiées. Sur la toile de nos pas errants. S’écorchant à des chardons ardents. J’en effleure la douleur. Tandis que s’écoulent nos pleurs. Et, je veux croire à l’immensité absolue. Posée dans une immobilité à perte de vue. Où l’oiseau sera figé, le lion mortifié. Et nos mets laisseront les squelettes. De l’enterrement de nos fêtes.
Alors, je te conterai des poèmes absolus. Avec des rois et des fées, dans le tohu-bohu. D’une kermesse d’un bourg de campagne. Où des marionnettes s’enlaceront sur de la musette. Pendant que des singes grimperont à un mât de cocagne. Sous le regard de fous échappés d’un asile. Et tu applaudiras en mangeant des barbes à papa. Le sucre et le miel coulant sur ton masque figé. Mettant les ombres de ton maquillage en péril. De tes doigts de porcelaine, tu tireras sur les fils. Qui te donnent le corps et l’esprit d’une vie. Gracile et futile. Je te conterai des poèmes absolus. Qui donneront l’impression que tu souris. Puis, nous irons au bal sous des regards d’envie. Et, je murmurerai à ton oreille des mots. Volés aux soirs de tempête, arrachés aux becs de mouettes. Dans le lent mouvement d’une vague de roseaux. Qui seront à notre alcôve nos rideaux.