Tandis que la lune cajolait nos désespoirs immobiles
Je pensais à ce monologue de la peur quand s’abat l’hiver
Une variation d’un effroi fait d’errances tièdes et graciles
Lorsque la tendresse incestueuse impose de dessiner l’enfer
Dis-moi pourquoi exagèrent ces brumes oniriques ?
Parfois leur frénésie m’exaspèrent. Quel triste cirque !
Il en est ainsi de nos exaspérations lentes et capiteuses
Toutes ont un goût de bouchon, de larmes infectieuses
Pourquoi danser ou verbaliser un présent indéfendable ?
Nos êtres n’ont de sens que d’être fondus dans l’oubli
Je sais oui je sais que nous étions falots et condamnables
Dans les rayons d’un soleil triomphant aux pâleurs aigries
Je tremble des soirs qui sur moi se profilent et m’entravent
Bohèmes dans les plaines d’Asie centrale où plane l’aigle
Plus forts que nos émotions vertigineuses, presque graves
Le testament d’hier a été rédigé sans nous, faut-il une règle ?
Aisance de paroles quand le chœur s’empare du requiem
Monte dans la voûte les variations électriques d’un état
Une façade que j’abhorre sur le vitrail pareil au même
De notre endormissement sur les touches d’un piano las
Nos spectres sont sans reflet, ils nous laissent nous imaginer
Faut-il être beau pour se sentir bien dans sa peau, être aimé ?
Je te parle tendresse par complaisance pour tuer le silence
Danse petite colombe, virevolte tant que somnole l’indolence
Les pénombres sont affolantes presque complices triomphantes
Au soleil noir de la peur se crucifient par facilité intransigeante
Maquillant le vrai en nageant sur l’immensité parcellisée et violet
S’évade l’esprit de l’enfant qui balbutie un passé décomposé
Je bois l’onde de nos émotions transgressives en pensant à l’exil
Ces terres à venir qui hument le présent de demain sur une île
Tous les lieux ont une âme, laborieux nous avons perdu la nôtre
Je le sais. J’en ai vu le reflet dans le miroir tendu aux autres
Qui pourra encore nous prendre pour des bigots, des salops ?
Par complaisance les saints facilitent le toucher de ce qui est beau
Les blizzards affadissent les mortes feuilles d’un automne pluvieux
Qui tiendra le parapluie de nos infirmités joyeuses, peut être un envieux ?
Je sais la solitude permanente quand fumant s’ouvre l’enfer
Je déplore la rondeur de ce monde triste, funeste vierge de fer
Toi qui méprise l’odeur de l’encens des matins versatiles et frêles
Où irons nous abreuver nos humeurs fécondes, agiter nos crécelles ?