Avec offense, je ressens la violence de nos lumières s’effaçant. Comme une ode à la pénombre s’embrasant. Dans le velours crépusculaire d’une pause assagie. Je me sens à peine aigri, tout juste transi. Parmi les éléments de cet ouragan bruissant. Entre les branches de notre arbre généalogique. Un matin peut-être, une nuit sûrement. Je partirai leur offrir mes larmes en otage. Alors que devenues amnésiques, elles me parleront d’outrages.
Mais comment leur rappeler ces teintes de l’été ? Cet orangé marqué sur ma peau bronzée. Comme le talisman d’un trésor sucré. Maintenant impuissant dans les frissons d’un automne arrivé. Effeuillées, elles se sont désavouées. Divorçant dans la corruption de nos contradictions. Elles ont épousé le sombre d’une nuit d’hiver. Les teintes éruptives de mes enfers. En rougissant sur l’athanor le fer. Du sang de mes aurores crépusculaires.
Je me sens délaissé, abandonné. Mélancolique par fatalité. Sur la peau, je porte la corrosion de nos relations. Blanchâtre et fantomatique. Je deviens empathique. Par obligation, par frustration. J’erre des nuits entières. Dans des chemins creux. Les yeux clos, les mains dans le dos. Frileux et malheureux. Nostalgique, je balaie l’instant d’un recul saisissant. Hier est devenu le temps d’un présent envahissant.
La platitude de nos relations est misérable. Elles en sont devenues inaltérables. Dans l’aube de ces matins laiteux. Étirant leurs fils dans la langueur de rêves fiévreux. Je l’accole à cette mélancolie qui m’habite. Avec les couleurs pastelles d’un calice sacrificiel. Mon sanctuaire d’un passé composite. En oripeaux comme un épouvantail aux oiseaux. Et, je me rappelle hier. Lorsque nous étions fiers.
Complices d’un soleil sur la plaine étendu. Dans la clarté d’un temps convenu. Où lascives nos nuits embrasaient nos amours. Brûlantes sous les orangers d’Andalousie. Je m’en souviens pour toujours. Tes yeux brûlaient d’envie, ton corps aussi. Il irradiait mon esprit. Conquis, j’ai murmuré au vent notre récit. Il a souri pensant à demain, à nos hivers. Aujourd’hui, je fleuris notre cimetière.
Mais je veux croire en d’autres matins. Plus tièdes, plus mutins. Quand nos lumières ne seront plus amnésiques. Quand nos rêves s’uniront d’une tendresse pudique. Alors dans le passé, j’irai puiser l’oubli. Pour abolir et recouvrir nos cicatrices. Avant que ne s’éteignent les vertiges de nos folies. Pendant que s’élèvera le chant d’une cantatrice. C’est là que tu me proposeras que nous soyons amis.
Comme toujours, quand revient l’été. Depuis le temps, je m’y suis habitué. Avec posé sur nos faces le suaire de nos misères. Recouvrant le derme de nos infirmités. Comme un automne annonciateur de nos nuits d’hiver. Dans le cycle infernal de nos amours contrariés. Alors que s’enclenchera la répétition de nos insomnies. Vacillera la clarté d’une bougie. Veillant pudique et mélancolique. Sur nos lumières amnésiques.