D’hier et d’aujourd’hui au creux de la nuit. S’ébattent les fantômes de maintenant et d’autrefois. Ici dans le calme d’un couloir aux murs blancs. Portés par le silence dans le soir qui s’étend. En cajolant des onces de mauvaise foi. Ils jouent de ces mensonges vulgaires qui s’agglomèrent. Aux craintes intuitives, aux soubresauts furtifs. Je parle de ces exceptions captives, de ces pleurs inexpressifs. Lorsque bruisse l’ennui de leurs pas. Dans le crépuscule de leur lassitude. Là éphémère et toujours amère.
Ils ont d’hier et d’aujourd’hui une attitude. Celle d’attendre le pire et de s’enivrer. De ces instants mièvres et nécrosés. Comme s’il s’agissait d’une température idéale. Pour réchauffer ce sang noir et glacial. Qui parcoure les veines d’un château crépusculaire. Où les mythes sont d’actualité en ce soir de bal. Nous irons aux bras de fantômes aux regards fatals. Fiers de briller sous l’éclat d’une lune banale. Dans un tourbillon invisible. Réunis par cette sensation imprévisible. De frapper à la porte de s’aimer.
D’hier et d’aujourd’hui comme s’il en avait toujours été. Ainsi proches avec cette profusion d’immortalité. Dans les veines et le cœur. Faisant exploser ces approximations. Tous ces interdits lorsque nous avons failli. Nos fautes, nos erreurs. Dans l’explosion silencieuse de notre passion. Je pense à ces fragments de temps. Qui sous nos pieds s’enlacent fugacement. Fantômes méticuleux de ce bien si précieux. Habiter le passé en oubliant d’avoir été. Et, se projetant ainsi vers de nouveaux étés.
J’ai d’hier et d’aujourd’hui le goût d’un sel. Aux larmes de mer, au sol de marées salants. Quand s’emporte l’ouragan, que hurle sa ritournelle. Plus loin que ces nuits crépusculaires dans le château. Aux rêves tristes et envahissants. Aux couloirs vides et étouffants. Je pousse les portes de l’ennui pour visiter des amis. Ayant fait du néant un amant castrateur. Nous devisons de tout, de rien, de nos peurs. Lorsque se lève l’aube d’un matin intérieur. Et qu’il faudra s’alanguir de cette pesanteur.
D’hier et d’aujourd’hui tangue toute absence de vérité. Avec cette couleur de l’alcool dans une eau fruitée. Qui exagère la dépendance à ce sentiment de fragilité. Nous fantômes de chaque journée dupliquée. Cherchant dans la glaise un reflet doré. Dans le miroir, il n’y a que des morceaux décomposés. Qui bout à bout composent l’ennui. Cette partition désaccordée.Sur laquelle au bal d’hier nous avons dansé. Sur laquelle au bal d’aujourd’hui nous irons danser. Tout en sachant que s’aimer sera indispensable pour ne pas s’oublier.