Chaque nuit glissant sur les lattes du parquet. Je regarde la lumière de lune scintiller. J’écoute le silence muet, caresse son infirmité. Tous deux emmurés dans un château évaporé. Là-bas sur les terres d’un hiver gelé. Ayant prêté au néant allégeance et fidélité. J’erre dans les couloirs abandonnés. Pose mes mains froides sur des vases chinés. M’évade dans la conquête de fresques dessinées. Libère mon esprit vers le ciel étoilé. A la rencontre de poètes éméchés. Imprimant leur ivresse sur des feuilles de papier. En mots abîmés, maintes fois raturés. Si souvent utilisés, tant de fois répétés. Leur sacrifice ne m’arrache aucune pitié. Je bois le calice de leurs vertiges frelatés. Pour m’absoudre de la tentation de les renier. Il ne me reste qu’eux pour me rappeler. Ces soubresauts d’un lointain passé. Quand mon verbe portait la promesse de l’instantané. J’étais vivant, présent, enflammé. Courant sur les lattes du paquet. Le martyrisant de mes pas pressés. C’était hier, avant, j’ai oublié. La couleur de la passion émerveillée. Le reflet d’un regard embué. La saveur des noies tombant du noyer. Mon corps est sec, s’est émietté. Je songe au regard que tu porterais. Sur ce profond laisser aller. Tu me dirais de me relever. De courir et te retrouver. Dans tes bras ouverts. Toi mon rendez-vous crépusculaire.