Tomber. Tomber, entre les barbelés du temps. Sanglants. Tomber. S’arracher la peau sur des dents. Acérées. Mordant comme leur mère. Le temps. Avides et guerrière. Assoiffées de sang. Coulant tout le temps. Dans la gorge du feu et du vent. Les bras en croix; saouls. Ronronnant comme des matous. Sur un matelas de noix de cajou. Tomber. Tomber lentement, désespérément. S’accrocher. Aux toiles d’araignées. Se balançant dans le vide. Vertige inutile de cette pensée avide. Comprendre et prétendre. A l’immortalité. Pour quoi faire ? Pitié. Morne prière. Sans autre manière. De s’accrocher avant de basculer. Plus bas. Tout en bas. Tomber. Tomber sur les rochers. Avant de heurter les vagues, la mer. Sans s’effrayer. De l’enfer. Les mains ensanglantées. Pour témoigner. Que le néant est rouge sang. Que la peur a besoin de couleur. Vive et collante. La sensation énervante, étourdissante. De l’éternité. Sur des tableaux colorés. Tomber. Tomber dans le cul de la destinée. Violée et assumée. Dans le rythme lent d’un corps qui traîne les pieds. Fuir avant de pourrir. Rattrapé sur la ligne d’arrivée. Par le temps. Sans avoir gagné. Le triste moment. Sans rien à remporter. Que le vide, le néant, sans gloire, ni trophée. Tomber. Tomber et aspirer. L’eau de la mélancolie. Le baptême d’une vie. Molécule infinitésimale. Relent animal. Tuant le mal. L’esprit assoupi. De l’être endormi. Sans désir, ni envie. Doucement, lentement. Dans la tendre nostalgie. D’un passé au ralenti. Présent mélancolie. Tomber. Tomber comme une feuille morte. Sans parachute au bout de la chute. Peu importe. Se poser. Aimer. La douleur d’avoir vaincu la peur. Devant. Un ciel, un soleil couchant. Face au néant rouge sang. Tomber. Tomber sans se plaindre. Ni geindre. Tomber. Tomber, se relever. Devant. Un ciel, un soleil couchant. Tomber. Tomber, le répéter. Tout le temps. A jamais. Tout le temps. Ainsi soit-il. S’envole mon cœur volatile. Mes mains rouges sang. Écartant le voile du néant. Derrière il n’y a que la pluie et le vent.