Tout en parlant à nos vieillesses arrivées. Tout en fleurissant nos rêves embaumés. Dans une faiblesse passagère et assumée. Je vole les mots d’un poème tressé avec des blés. Dans la lueur d’un matin saturé. J’imagine les reflets d’une nuit entrebâillée. Dans la pénombre d’un soir délavé. Il y aura cette plénitude du silence. Une absence se diffusant en essence. Sur le violon ivre de notes désaccordées. Te souviens-tu dans le miroir ? Du crépuscule de notre histoire. Un château, une tombe, un sarcophage. Un peu maudit, un peu otage.
Pendant que subsistent des mots et des images. Que l’on ne peut plus dire. Que l’on ne peut plus voir. Musique héroïque et fantastique. En nous qui déambule comme un espoir. Parmi les labyrinthes féériques. De nos dérives langoureuses et paresseuses. Je les caresse en animal de mystère. Aux crocs vaporeux et amoureux. Je lèche des larmes de sang. En moi brûlant comme le fer. De nos anneaux aux doigts portés. Talismans de nos mauvaises pensées. J’en redoute leurs morsures. Ma foi en toi qui dure.
Ainsi et maintenant aux matins calmes de nos paradis. Subsistent un rêve, une vision parfois rien. Et toujours ce besoin qui nous retient. Romantiques et nostalgiques ? À la frontière de la panique. Comme un bienfait imparfait. J’en cultive l’acide sur nos plaies. Cicatrices ou décorations pour la postérité ? Dans la tourmente de nos ouragans affrontés. Je parle et j’oublie l’essentiel. Ce poème, ce luxe bohème, immatériel. Écrit à l’encre de nos vies. Dans la signification d’une profonde envie.
Nous déclinerons tant d’invitations. En nous retirant au cœur d’un donjon. Dans le château de nos imaginations. Décorant ses murs avec des pierres brutes. On chassera le temps. Avec des arcs de suffisance. Hurlant comme des brutes. Dans la totale dépendance. D’effusions intempestives et clandestines. Cette saveur comme un coulis de mandarines. Sur ton corps, sur mes lèvres. Et cette folie, cette ivresse transie. En testament de nos batailles de survie. Sur le parchemin dérisoire de notre histoire.
Alors parlons de nos secrets. A mots discrets. Sans nous chamailler. Pour ne rien avouer. Dans ce château subsistent des portes dérobées. Des endroits pour ne pas se retrouver. Je veux te rechercher, te courir après. Je sais que tu refuseras d’être capturée. Avec des mots ou un regard et. Lorsque tu deviendras diffuse, obscure, oubliée. Je t’écrirai des lettres posthumes pour ce jour irradiée. Où nous saurons nous réconcilier. Tout en parlant à nos vieillesses arrivées. Tout en fleurissant nos rêves embaumés. Dans une faiblesse passagère et assumée.