Tu es sortie de ton cauchemar sous les branches d’un grand saule. Un courant d’air froid balayant tes épaules. Tu as tremblé, frissonné,un brin apeurée. Il faisait presque noir. Pas assez jour pour savoir. Ce qu’il y avait devant toi, ce château, ce pré. Intimidée, tu es restée à les regarder. Au loin les nuages avançaient. Sur les tours se rassemblaient. Le froid te mordait. Le jour refusait de se lever. La nuit de se coucher. Le château se rapprochait. Les nuages te menaçaient. Le pré se rétrécissait. Cette contraction allait te frapper. Tu as voulu hurler. Tu as juste murmuré. Un petit cri effacé. Tes bras tendus ne t’ont pas protégée. Dans le château tu es entrée. Il faisait presque noir. Pas assez jour pour savoir. Un grand escalier. Aux marches de marbre vers l’étage montait. Un éclair de lune, une perle de soleil te guidaient. Tu avançais. Devant toi, l’escalier se dérobait. Dans un manège endiablé, tu tournais. Tes pas s’accéléraient. La tête te tournait. Essoufflée, tu voulais t’arrêter. Te reposer. Une force te soulevait. Dans une chambre, elle t’a projetée. Tu as roulé. En boule, jusqu’à une grande cheminée. Dans l’âtre, des cendres mourraient. Il faisait presque noir. Pas assez jour pour savoir. Tu t’es relevée. Tes bras, tes jambes fatiguées. Ton cœur dans un rythme endiablé. Près de la cheminée, tu t’es réchauffée. Dans un fauteuil, tu t’es effondrée. Le sommeil est arrivé. La peur s’est immiscée. Tes mains contractées. Tu courais. Tu fuyais. Au loin une lumière brillait. Vers elle, tu te précipitais. Pour respirer. Pour te sauver. Tu es sortie de ton cauchemar sous les branches d’un grand saule. Un courant d’air froid balayant tes épaules. Tu as tremblé, frissonné,un brin apeurée. Il faisait presque noir. Pas assez jour pour savoir.