Je me souviens de ce livre aux pages jaunies et écornées. Ses lettres calligraphiées à l’encre noire et saturée. Un texte qui s’étire dans le temps et un peu plus loin. Ses mots teintés de nostalgie et de mélancolie. Une histoire d’amour, de remords, et du lointain. Triste comme un vague à l’âme et cette souffrance qui subsiste. Là, maintenant, depuis si longtemps et ne m’abandonne pas. Vivace avec cette force que rien n’efface. Tapie dans l’ombre des recoins de ma vie. Enfantant le corps et les vapeurs de mes rêves. S’étirant dans le couchant et sur la grève. Je les regarde s’entremêler dans les phrases du livre. Portés par des sentiments et une sensation qui m’enivrent. Et je titube, m’accroche aux branches des arbres. Dans la caverne fleurie de roses tombant éparses sur le marbre. Je t’appelle, je crie dans le vide frappant l’écho infini. Il m’ensorcelle, écorche les lettres de ton prénom que j’épelle. Sous la protection là-haut dans le ciel d’un chandelier illuminé. Dessinant des étoiles, un chemin vers la voie lactée. Me montrant la direction à suivre dans la cathédrale de sel. Creusée avec les années pour conjurer la fatalité. Et je sais que dans le repos me sera offert une poussière d’éternel. Je prends cet espoir comme la bougie qui va éclairer. Mes pas dans le labyrinthe s’enfonçant vers l’éternité. Une dérive entre les pieux où sont éventrés mes fantômes. Une progression que j’effectuerais avec les craintes d’un môme. Passage obligé pour renouer avec l’histoire du livre. Présent et qui me hante, j’avancerais titubant et ivre. Il y a dans ses mots tant d’ombres et de lumières. Ces obstacles tendus devant mes pas. Je les franchirais, je les éviterais ou pas. Si, tu m’en donnes la force ou pas. Et, il restera dans ce mystère un dernier chapitre. Nos retrouvailles pourraient en être le titre ?