Je parle au vent. Je parle au néant. En pleurant le temps. De ces instants. Envolés en s’enfuyant. M’abandonnant évanoui. J’essaie de trouver. Une raison de les réanimer. Pour embrasser la vie. Pour les rappeler. De là-bas ? De si loin. En parlant bas. En implorant le lointain. Pourtant, je ne veux le supplier. Je ne veux le faire. Encore une fois m’humilier. A ses pieds pourquoi ? Ce goût étrange et amer. Dans la gorge une nouvelle fois. Cracher, vomir et souffrir. Usé, je me sens exténué. De ce combat sans discontinuer. Défaillir et se voir pourrir. Face à ce temps. Qui prend son temps. Se moquant de mon impatience. Me narguant en s’endormant. Chaque soir en toute confiance. Bordant mes cauchemars. Cyniques comme des nénuphars. Les verrues d’un quotidien noir. Noir comme un orage bleu. Bleu électrique et atomique. Pulvérisant l’instant présent. Que reste-t-il ? La grâce d’un papillon futile. Quelques mots inutiles. Je parle au vent. Je parle au néant. En les maudissant, en les enviant. Je les pense libres et insouciants. Caressant leur présent. Complice de mes excès. Je me vois les répéter. Chaque jour les ensemencer. Donnant à mon futur. Le murmure impur. D’un déséquilibre addictif. Je me sens insoumis et captif. Me projetant toujours à demain. Sans rien détenir entre les mains. Une fuite en avant comme un enfant. Capricieux et venimeux. Ma vérité est l’instant. Un fruit fait d’instinct. Au jus évanescent. A l’arôme incertain. Mes terres sont un désert. Je parle au vent. Je parle au néant. A jamais, indéfiniment. Sans regarder en arrière. Délaissant mes cimetières. Me projetant vers un paradis ou un enfer ? Donnant au futur les clés. De mes rêves chloroformés. Où dansent des elfes échevelés. Dans la torpeur de nuits enfumées. Rouges sang de passions. Rouges sang d’exagérations. Et j’offre à ton regard l’apesanteur. Des battements de mon cœur.