Je te parlerai d’images en noir et blanc. De sillons aux lignes profondes. Labourant les couleurs sang. Des fadeurs de notre monde. Tandis que s’envoleront les accords. Des langueurs de nos remords. Sur un banc au bout d’une jetée. Dans l’immaturité de notre temps saturé. En regardant s’enfoncer dans les profondeurs. Les soleils noirs de nos peurs.
Je te parlerai d’images en noir et blanc. De décors que notre mémoire a frelatés. Volontairement en abrogeant le serment. D’une éradication de tout sentiment. Tandis que nos doigts joueront sur le clavier. Interdit le requiem de nos vœux abrogés. Par l’absolution d’un temps désenchanté. Qui ne nous concerne plus. Saturé de ses vapeurs corrompues.
Je te parlerai d’images en noir et blanc. De prises à la volée pour immortaliser. La permanente infertilité. De notre pensée sclérosée. Tandis que seront jetées en pâture. Les fausses couleurs de nos parjures. Sur la toile d’une totale abstinence. Vierge de toute repentance. Où les courbes provocatrices. Sont incitatrices de nos artifices.
Je te parlerai d’images en noir et blanc. De collection d’un profond fétichisme. Le miroir sombre de notre barbarisme. Tandis que fleurissent ou trépassent. Les chapardages de nos regards sur des échasses. Par-delà les murailles de blabla et de paille. Dans le tumulte d’une cacophonie. Sourde et mesquine, rampante symphonie.
Je te parlerai d’images en noir et blanc. De notre juste exception. Venue frapper nos émotions. Avec un marteau invalidant. Tandis que s’échapperont du navire, les rats. Devant nos yeux hébétés. Là, dans cet instant fissuré. Où pleuvent les nuages de nos larmes. S’effondrent les montagnes de nos projets. Rouillent nos dernières armes. En ne nous laissant que le loisir de jurer.
Je te parlerai d’images en noir et blanc. De la danse du ventre du sel. Sur nos lèvres qui appellent le miel. De cet ultime instant dans le vent. Tandis que passeront des vols de corbeaux. Devant nos lettres à titre posthume. Nous assis sur un carré de bitume. Applaudissant en entrechoquant nos sabots. Empruntés à un troupeau d’ânesses. Complices de notre paresse.
Je te parlerai d’images en noir et blanc. De cette pensée mystique. Rendant nos cœurs hermétiques. A toute violation de nos sacrements. Tandis que s’effondrera le chêne. Supportant la besace de nos peines. Entre les cordes vocales. De nos cris, de nos pleurs. Sur le velours enchanteur. De nos vocalises infinitésimales.
Je te parlerai d’images en noir et blanc. De ce solo de trompette. Sur papier glacé. Pour te faire tomber. Dans le miroir aux alouettes. Toi habillée de noir et de blanc. Tandis que je lirai dans les cendres. Le poème de nos poussières. Éparses et rousses à s’y méprendre. Comme un cortège de fourmis. Nos enfants aux corps rabougris.