Tu es frigorifiée. Sur le pont d’un hiver transi. Entre les deux rives de nos délices. A regarder passer. Des péniches endormies. Sur l’eau qui glissent. Ton regard qui s’enfuit. Dans le lointain. Là où tu ne peux tendre la main. Dans la nuit, son mur infini. La musique du silence. Tes pas qui dansent. L’image de notre romance. Entre les deux rives de nos délices. Les lumières tentatrices. L’obscurité pour se protéger. Observer le temps s’en aller. Doucement au bout de ces instants. Qui marquent ton cœur. Narguent ta chaleur. Tu es frigorifiée. Mais, tu veux rester. Là. Pour te gaver de tout cela. Mieux encore de la ville qui dort. Avec cet intense pouvoir. De croire. Que tout est pour toi. Cette autre loi. De battre en toi. Avec ses silences. Cette profonde dépendance. De vivre à l’unisson. Tes intenses frissons. Entre les deux rives de nos délices. Laquelle choisir ? Partir. Quitter les merveilles du pays d’Alice. En fabriquant une moitié de vide. Un espace infini et maudit. Morbide. Avivé des regrets d’avoir tout quitté. Tu es frigorifiée. Tu as choisi de rester. Jusqu’à demain. Pour tendre la main. Au soleil. A son premier réveil. Sa chaleur sans pareil. Le blanc, la brume qui se lèveront dans le lointain. Emportant la nuit, les lumières, ta nostalgie sans fin. Moi, prêt de toi te tenant la main. En ayant vu passer le temps. Entre les deux rives de nos délices.