Il y a ce que tu imagines et qui n’existe que dans tes rêves. Une cathédrale sans toit. Un orage qui s’élève. Des larmes de pluie qui mouillent tes lèvres, ton visage. Un soleil qui s’étend sur les colonnes supportant des murs sacrifiés. Il y a la chaleur, les gouttes de sueur, l’eau tombant des nuages. Tes pas, lents, aux pieds dénudés, avançant dans l’herbe mouillée. Marcher la tête levée jusqu’à la voute éventrée. Tendre les mains, saisir le ciel, le rejoindre jusqu’au bout du mirage . Pour voir le monde se souvenir de ses images. Il y a ce que tu imagines et qui n’existe que dans tes rêves. Face au vide de la cathédrale mutilée, tu l’entends crier, supplier. Ses vitraux crevés, ses pierres arrachées. Les larmes de pluie ont le goût du sang. Sur ton visage elles ruissellent. Dans ta tête, elles martèlent. Le bruit des marteaux et des pelles. Venues éventrer le toit jusqu’au ciel. Là où l’on peut voir le monde, se souvenir de ses images. Il y a ce que tu imagines et qui n’existe que dans tes rêves. Une foule de gens chantant. Dans le cœur d’une cathédrale au toit reconstitué, aux murs réhabilités. Oublier ses cris et ses pleurs. Se laisser caresser par les rayons de vitraux aux teintes bleues-orangées. Ce sera ton heure. Celle de te lever, de marcher les pieds dénudés dans l’herbe mouillée jusqu’à une porte verrouillée. Il y a ce que tu imagines et qui n’existe que dans tes rêves. Une cathédrale éventrée à l’âme arrachée.