Un roman inachevé de quelques mots égarés. Tracés au sang noir de vents violents. Profanant des tombes aux pierres lézardées. Flétrissant tant de nuits d’ennui démultipliées. Alors que s’abat un silence envahissant et angoissant. Venant distiller dans le cœur un froid saisissant. Comme une trace de rancœur fragile et indolente.
Puissante et étouffante, elle est une cicatrice béante. Dont les reliefs sont les Everest de mes impuissances. Les insuffisances immatures de ma dépendance. Aux vestiges d’un passé révolu. Auquel j’accordais tant d’absolu. Il est aujourd’hui le néant. Dans un labyrinthe de tourments. Aux murs tagués de mots écorchés.
Là où flamboie le soleil éternel. De matins frileux et silencieux. Dans l’appel de piétiner les traces oubliées. Et de tremper les pieds dans la glaise enflammée. Recouvrant les humeurs d’hier et d’aujourd’hui. En apostrophant le présent avec impudeur. Sans leurre, sans peur, ni rancœur. Comme si la fatalité n’était qu’un pantin désarticulé.
Du tout là-haut jouant de ses mains. Avec les fils de jours sans fin. Étirant leur ennui dans un silence hypocrite. Rite de chaque aube lorsque la plaine sourit. Aux sarcasmes d’un soleil inabouti. Alors que la pénombre épouse une aube d’or. Et que ma main tremble sur le parchemin. D’un roman inachevé de quelques mots égarés.
Quand il me reste à moudre le présent, pendre l’absent.
Et faire d’hier le monument d’un silence insolent…