Dans des ports reculés, pendus à des quais. Des bateaux infirmes tanguent sur la pointe des pieds. Prêts à s’élancer pour de lointaines destinés. En solitaires vers les mondes barbares d’un imaginaire. D’où ne reviennent que des magiciens ridés. A pas nonchalants tombant de ciels tumultueux. Rapportant les frimas de mots fades et vertueux depuis un firmament. Vaporeux et totalement inexpressif à l’image de leurs âmes émotives. Violemment ballotées par les impertinences d’un autre temps.
Ils ne croient plus à la force de l’impossible vertu. Dérive artificielle sur un radeau ivre et sans retenue. Plus haut et plus beau que des vagues de pierres. Si frêle et tellement intemporel. Comme les courbures de leurs manières. Comme des parjures jetés en pâture. A l’immense ou à l’intense. Là où ils iront s’échouer dans le tourbillon d’une vie qui ne fut qu’un brouillon. Une esquisse, un trait de fusain sur le papier. Sans savoir dessiner, sans chercher à apprivoiser le possible.
Ils lui ont donné un nom, un sommet, un symbole l’inaccessible. Qu’ils iront conquérir avec un piolet. Pas à pas dans la brume et la pénombre. Pied à pied dans une lutte farouche et sombre. Sans témoin, le regard noir en serrant les poings. Plongeant leurs yeux vers des lieux mystérieux. Noirs et laborieux comme ce curieux miroir. Aux concessions larges et irrationnelles avec le réel. Qui donne un visage et un âge aux bateaux infirmes. Amarrés à des quais, apprêtés comme une mariée répudiée. Que leurs parures affadies affichent et que leurs rictus confirment.