Paraître et disparaître. Dans l’instant diffus de cette fraction de seconde. Lorsque le jour emprunte à la nuit. Le velours de cette apathie féconde. Une lune assoupie et le soleil qui s’enfuit. J’irai parmi les frimas transis. Sans but et sans envie. Emporté par la vague d’un moment fragile. Dans le silence d’un temps gracile.
Il y aura le silence et puis. Le recueillement du murmure du vent. Si pressant hier et aujourd’hui. Fouettant les caprices savants. De nos paroles imbéciles. Cette grâce stupide et versatile. Dont l’usage fait des ravages. Avec l’art consommé d’abîmer. J’irai sur les chemins cabossés. Entre les fougères et les murs de pierres.
Fuir ou rugir. A la rencontre du néant. Ses bras tendus. Porté par le rêve nu. Renfermant ce trésor. D’un vide absolu. L’or blanc m’enveloppant. Les vapeurs d’un brouillard. Complice noyant le moment. En diffusant l’encens d’un présent. Braillard et capiteux. Fiévreux aussi. Je l’aime ainsi.
Il est une vérité. Sans avenir, sans passé. Juste là entre mes pas. Ensemble nous allons, nous divaguons. Dans une errance qui se ressemble. Jusqu’à plus tard. Et vers nulle part. Cette fécondité de l’absence. Est notre autodéfense. Ce bouclier atomique. Pour ne pas paraître. Pratique il permet de disparaître.
Pendant que de rien surgit la paix. Omniprésente et permanente. Envahissante et apaisante. Sans autre chose que demander. L’humanité d’un calme apaisé. Je sais que je hais. Le temps infantilisant. Qui moud le sable et broie le grain. De nos âmes pour rien.
Empruntant aux nuits du passé. Les codes incultes des temps esclaves. Excessifs et sans pitié. Pendant que hurlent sur la lave. Nos dernières octaves. Alors je vais parmi les frimas transis. Paraître et disparaître. Dans l’instant diffus de cette fraction de seconde. Lorsque le jour emprunte à la nuit. Le velours de cette apathie féconde.
Enfin, je vais te parler de nous. Nous sommes des orphelins. Ayant renié père et mère. Nous échappant de ce rêve ahurissant. Que pour paraître il faut posséder une légitimité. Et la nôtre est inexistante. Avec cette force captivante. D’être des fantômes. Instables comme l’atome. Irradiant notre testament. De lettres rouges de sang.
Chaque jour, à chaque instant. Ce livre factice guide nos pas. Il conte comment. Dévorer le temps. Ce complice latent. Présent là. Furieux et omniprésent. Qui ricane de nos métamorphoses. Prenant des postures et des pauses. Comme ces statues impures. Qui rappellent notre absence de futur.
Amers, nous sommes condamnés à trouver. Je ne sais dans quelle imaginaire. Une autre forme difforme de fécondité.