Je veux te parler de ce soir. Demain sera maintenant. Comme un caprice, un espoir. Irrémédiablement, imparablement. Une vague de fond. Venue du tréfonds. Ce tressaillement invisible. Qui déforme l’instant. Et le rend irréversible. Mes yeux qui se ferment. Les paupières closent, j’ose. Te regarder au-delà des nuages. J’ai quitté la terre ferme. Abandonnant mon réduit. Où croît mon ennui. Je suis devenu sage. Ce soir sera un autre jour. La lueur noire de nos amours. Un éclat d’opale fatal. Qui éclaire mon âme vide. J’ai le vertige de te rencontrer. Ce goût amer et acide. Cette impuissance envenimée. De l’effroi à m’approcher de toi. Habillé du masque de mes faiblesses. Je suis laid et triste, je le confesse. Je suis venu te parler de ce soir. Demain sera maintenant. En t’accordant la grâce de croire. Sauvagement, cruellement. A mes mots teintés de sang. Qui suinte de mes veines. Il n’a rien d’artificiel. Il est le fruit de mes peines. Nourrit la plaine féconde. De tes complaintes surnaturelles. Tu as le visage de la Joconde. Tu es belle voire éternelle. Je ne me souviens plus. Tu étais seule et nue. Comme un coup de semonce. Je t’appelais ma solitude. Tu peuplais la forêt de mes ronces. Là où copulent mes turpitudes. Tu léchais mes plaies. J’ai cru que tu m’aimais.