Tu es désarticulée, bousculée par le vent. Désavouée, humiliée dans ton enfermement. Alors que se dissipent les vapeurs d’une langueur. Automnale qui pose sur les lèvres le brouillard. D’une faim animale irrépressible. Je crie à l’envie le poème maudit. De notre amour morne et bâtard. Dans l’écho rendu impossible. De savoir faire vibrer ton cœur. Mes mains froides comme mes peurs. Ensemble ont fait le pacte d’une union. Plus loin qu’iront les cauchemars d’une addiction. Aux mots écrits dans l’encre de notre sang. En témoignage de cet unique lien. De ce que nous étions auparavant. Cette idée forte qui nous retient. Jusqu’au bout de la folie ou pas du tout. Délaissant le champ de mines de la vie. Pendant que la mosaïque du temps se pourfend d’une désillusion. Féconde au fond de ton âme qui sonde. Sur ton visage les rictus de tes envies. Et passent en procession et ainsi. Fabriquant les saccades de tes mouvements. Je tremble de te voir t’effondrer. Dans la caricature inévitable de cette fracture. Qui nous éloigne et je me souviens avoir été. Virevoltant dans les caprices de l’éphémère. Trouvant dans l’instant le venin amer. De flirter avec les rages de cette colère. Malsaine qui te donnait des allures de reine. Je chante les rimes de ce refrain. Dans le combat illusoire du crépuscule et d’une triste fin. Rien n’a été vain, il reste ces photos jaunies. Sur les murs d’une chambre aux teintes d’ambre. Là où le jour violait nos matins frileux. Sur les mains la transpiration du combat de la nuit. Je regarde ces clichés où tu souris. Je fais semblant d’être heureux. Cherchant dans les catacombes une lumière. Capable de nous réunir sur terre ou en enfer. Laissant nos démons sur une plage. Dans le ressac d’un temps sans âge.