Tourne le vent, s’envole le temps dans la rue autrement. Marchant, pas à pas, en écoutant. Les plaintes d’ailleurs. Accrochées aux doigts. Essoufflés en ayant mal au cœur. Notre histoire qu’on traîne sans espoir. Notre malheur. Depuis des siècles pesamment. Les murs sombres, les étendoirs. De nos frustrations sans pardon. On s’aimera plus tard, demain. Passionnément, résolument. Projection sans contrefaçon. Absolument, aussi loin. Que s’étend notre désenchantement. Les larmes de notre mélancolie. Coulent entre les fissures. De nos cuirasses rouillées. C’est ainsi. La douleur que l’on endure. Fouette nos corps marqués. Transparents, infamants. Être en n’étant rien. Avoir été et l’oublier. Je voudrais hurler. Les sons ne sortent pas. On reste là. Impuissants, subissant. Notre lent effacement. De la terre, de tout. Le néant autour de nous. L’offense en sentence. Ne rien pouvoir faire. Nos ombres glissant sur les murs. Se noyant dans la mer. Être mort sans être sûr. Que les fantômes n’ont pas d’autre vie. Tu dis que nous nous sommes endormis. Je voudrais te croire. Un matin, un soir. Mais dans la main. Un rêve, un miracle. Je n’y crois pas. Notre désenchantement est là. Accompagne nos pas. Sur le sol, ses chaînes raclent. Leur bruit avec nous. Me rend fou. Je n’ai plus la force de t’écouter. Je nous sens nous éloigner. Pour aller où ? Tourne le vent, s’envole le temps dans la rue autrement. Marchant, pas à pas, en écoutant. Les plaintes d’ailleurs. Je sais que tu as peur. De ce qui peut nous arriver. Je ne peux l’empêcher. Comme toi, je suis effrayé. Je ne peux te le montrer. Par fierté. Par fragilité. J’ai perdu nos rêves. Oublié nos pas sur la grève. Tant de choses à me faire pardonner. Nous pourrions avoir une éternité à dessiner. Le noir de notre passé à noyer dans le miroir. Notre reflet me fait frisonner. Terrifié, désenchanté. La flamme s’est éteinte. Oubliant nos étreintes. Effaçant nos serments. Tourne le vent, s’envole le temps dans la rue irrémédiablement.