Douze coups de minuit. Le long du quai, la brume, le froid, l’ennui. Un cri, un appel, nos corps transis. Une odeur rance, entêtante, caramélisée. Le silence quelques bruits étouffés. Des ombres qui se forment, se déforment. Nos pas progressant doucement. Sur l’eau l’onde de remous. Émergeant de la vase en dessous. Des bulles, un sort qui monte vers le ciel. Encens de nos promesses artificielles. Exportant des vœux aux messages bien frileux. Main dans la main. Les yeux dans les yeux. Amoureux ou malheureux ? En ayant froid, toi plus que moi. Notre bal, mystérieux, infernal. La parité notre inégalité. Scellant la force de nos écorces. Que seules tes larmes peuvent transpercer. Laissant sur ma peau la rouille de tes maux. Corrodant les entrailles de nos misères. Suintant altières. Alors que vacille une flamme sur le squelette de nos fossiles. Cette nuit, je te sens inaccessible. Ma remarque est futile. De tes rancœurs, je ne suis qu’un fusible. Malhabile pour retrouver son équilibre. Prisonnier ou libre ? Le long du quai, la brume, le froid, l’ennui. Notre avenir en mode rétréci. S’enfonce peu à peu dans le néant. Sans penser à ce qu’il trouvera en sortant. Le veut-on vraiment ? J’en doute. Les certitudes ne croisent plus nos routes. Se meurt notre envie. Ce soir quand se sont enfuis les douze coups de minuit.