Il me reste le souvenir d’un champ de blé. La pluie tombant, un sol détrempé. Les nuages volant bas s’accrochant. Aux branches d’arbres les harponnant. Dans la moiteur d’un été égaré. Au ciel gris et envoutant.Mystifiant toute idée de se délasser. Il me reste le souvenir d’un champ de blé. Aux couleurs délavées jaune d’or. Ondulant dans le vent jusqu’à la mort. Pourrissant au cœur des vapeurs. Suintantes d’un jour jusqu’à la nuit. Baignant dans une torpeur. S’enfuyant au bout de l’infini. En n’ayant plus peur. De la tristesse et de la pitié. Il me reste le souvenir d’un champ de blé. Au hasard d’une marche forcée. Sous la pluie de l’été. Sans chercher à me retourner. Pour voir s’évanouir. Le fantôme d’un souvenir. Derrière le brouillard dense. D’une dernière offense.