Il y a le va et le vient. D’un soir qui s’égrène sur le balancier d’un nouveau lendemain. Un tramway dans la nuit de Budapest. Quelques passagers, les promeneurs qui restent. A regarder passer une ombre. A écouter le bruit de la ferraille qui gronde. Le temps d’un crépuscule qui sombre. Dans les bras d’une lune ronde. Aux reflets se baignant dans le Danube. Elle danse seule. Elle titube. Habillée de sa sale gueule. Ses souvenirs enfermés dans le tramway. D’une mauvaise vie. Dessinés sur la toile d’une longue nuit. Il y a le va et le vient. De ce passé que plus rien ne retient. Juste la douleur d’avoir peur. D’en oublier la trace. Ce petit bout qui s’efface. Laissant la cicatrice géante. De rails dans la peau béante. Avec le vide pour se projeter. Vers un infini à en frémir. Rien pour se raccrocher. Blanchir à en pâlir. Réveillant les fous. Plongeant dans la boue. L’image si sage. D’une lune embarquée dans un mauvais tramway. Emportant une nuit de moiteur. Sur le pavé de Budapest. A goûter la langueur. D’un soir céleste. Où s’étire un temps. Sans frisson, ni raison. Si, lentement. Que filent entre les doigts. Les couleurs de la soie. Tissée avec les larmes des étoiles. Ne reste que toi et moi., un café désert, le silence, une toile. Abandonnés. Par une nuit sans lune montée dans le dernier tramway.