Sur les rives glacées de ton âme, je me suis égaré. Tes silences, tes absences m’y ont poussé. Sans but, errant sur la lande déserte, sans repère, je ne t’ai pas trouvée. Tu fuis ce lieu. Tu le crains. Tu as peur d’y pénétrer, de t’y égarer. Il te dépasse, t’écrase. Les démons qui se cachent en toi t’y précipitent parfois. Tu te débats, tu ne veux pas venir t’échouer sur les cailloux noirs de ta détresse. Tu as mal. Ce mal habite en toi. Il te ronge, te plonge dans ces silences sans fin qui m’ont précipité sur ces rives glacées. J’ai voulu comprendre. Il fait froid. Sans clé pour m’échapper, je hais ce jour où je t’ai rencontrée. Ton visage souriant, tes mains chaudes, tes sourires enfiévrés. Je me suis laissé capturer sans lutter. Les démons en toi savent si bien tricher. Tu as été la lente agonie de mes jours, de mes années qui peu à peu se sont consumées. Plus rien à se dire, apprendre à se haïr. Il fallait que je sois fou pour rester. Tu n’avais qu’un seul but m’entraîner sur les rives glacées de ton âme. Tu m’as donné en pâture, sans hésiter. Le seul compromis avec tes démons pour qu’ils te laissent en paix.