Ennui
J’implorerais l’inutile comme l’enseignant de mes vertiges. Dominant le monde depuis mon HLM. En rognant ce trognon de pomme qui m’afflige. Déprimé avec sa peau plissée comme un jour de carême. Je tuerais mon ennui de pesanteurs indignes d’un selfie. Je cracherais des mégots pétris de mes insomnies. Et, lorsque le soleil se couchera avachi. Je caresserais du doigt mon ombre. En lui promettant un jour de la libérer. Pour qu’elle puisse s’habiller de couleurs sombres. Virevolter comme un papillon au-dessus des volcans. Et jurer qu’elle vient de m’abandonner dans le firmament.
Lire la suiteSous le vent
Je pense au passé sans chercher à l’épargner. Par des mots subtils ou des remarques futiles. Qui pourfendraient l’instantané comme pour mieux le fracasser. Puis dans un champ de ruines l’émouvoir par des regrets. Devant un bouquet d’œillets s’étiolant sous le vent. Cette larme quand sur le quai les passagers se sont évaporés. Avec des baisers accrochés à des ombres oubliées. J’invoque la solitude comme le paravent. A ces émotions destructrices et castratrices. La violence de leurs effusions intemporelles. Ces bousculades forcément émotionnelles. Testaments des ravages de tant d’orages.
Lire la suiteImmobilité
J’aime cette richesse futile. L’inutile de nos propos. L’envol statique de nos immobilités. Comme ça paradoxalement. Pour que dure le temps. Tout le temps jusqu’aux portes de l’éternité. Que nos paroles frapperont avidement. Plus tard quand viendra l’instant. J’aime cette irrationalité. Qui nous porte et nous transporte. Un soir, un matin, sans fin. En se répétant chaque jour. Pour que dure toujours. Ce plaisir qui transpire et que l’on désire. Ce besoin oppressant et envahissant. De répéter le temps, en maîtrisant le moment. De le goûter, de le savourer comme s’il était le dernier.
Mais, il y a dans la joie tant de tristesses. Des parcelles noires chargées de rudesses. Des éclats de charbon sans chaleur. Extraits des mines intemporelles de notre humanité. Morcelée en puzzle écartelant nos fureurs. Dans une image floue et décomposée. Je ne me souviens plus de l’originale. A-t-elle seulement existé ? Je ne soutiens plus cette idée infinitésimale. Et, je m’en remets à cette richesse futile. L’inutile de nos propos. Comme baume à nos humanités excessives. Longuement étalées d’une main évasive. Je tremble sous la douceur de sa chaleur. Animalement candide, calmant mes phobies caricaturales. Oppressantes et brutales.
Nous irons les échanger sur un banc de bois. Toi, jouant à la marelle ; moi, acceptant ce rituel. De tutoyer l’enfer puis de grimper au ciel. En quelques mouvements, agitant le vent. Je ne sais pas si ailleurs. Ils nous en porteront rancœur. De nos joies, de nos cris tapageurs. J’aime cette idée de dompter l’irascibilité. Cette émotion intemporelle comme une cuisse potelée. La silhouette de tes enchantements. Le calice de mes étourdissements. Et, j’irai saoul sur des rives d’argent. Colporter les étincelles du feu de nous deux. Gratuitement avec cette richesse futile. De l’inutile de nos propos.
Lire la suiteLes autres terres
Je donne à la raison de nos souffrances la clairvoyance d’une irrésistible envie. Nos ciels arcboutés sur les tuteurs de nos expériences. Ainsi se déploieront nos dérives transies sur des rives gelées. Alors que frétillera parmi nos tempêtes, une forme de majesté. Parsemée de quelques mots orduriers, jetés pour agrémenter nos parjures infamants. Parle-moi de ces autres terres où s’apitoie l’instant insolent. Que j’apprenne à le soumettre en le cajolant. Donne-moi la force éruptive des volcans. Pour éclairer les ciels de pénombres atterrées. Où nos corps auront à creuser la tombe de nos souvenirs endeuillés. Avant que n’éclate dans l’azur la bulle de nos rêves immobiles. Alors se dessinera l’arabesque d’une comète impétueuse et gracile.
Lire la suite