Dérisoire

Je garde en moi des morceaux de toi. Coupés comme des confettis. Tombant éparses sur ma vie. Les soirs où les étoiles palissent. Alors que nos secrets, nos énigmes grandissent. Je conjugue le présent. Dans le fracas assourdissant. D’hier et d’aujourd’hui. Tombés du plafond de verre. Sur notre lèpre, nos misères. Les doigts coupés par les éclats. Je reste là. Le sang léché par notre chat. A croire que l’oubli et la mort sont infidèles. Vomir puis pourrir. Je t’appelle. Allongé sur le bitume de l’amertume. Dans le boudoir du dérisoire.
Lire la suiteLe marionnettiste pâle et triste

Elle danse seule.Entre le jour et la nuit. A la lumière d’une bougie. Devant les yeux d’un épagneule. Qui fait la gueule. Elle danse par petits pas, le corps en transe. Les cheveux ébouriffés par le vent de ses furies. Les doigts recroquevillés, contractés. Elle pleure, elle crie. Piétine le parquet ciré. Elle a perdu ses ailes. Papillon aux dernières heures de sa vie. Hurlant dans les soubresauts de ses chaos. Il lui reste l’envie. L’indéfinissable, l’irraisonnable. Sensation de percevoir. Encore une fois la montée de la brume. Un nouveau matin d’espoir. Ce caprice qui exhume. Les baisers sur le nectar sucré. Des fleurs des belles heures. Quand s’emporte le cœur. La douce chaleur où tout n’est que candeur. Je m’en veux, je suis un marionnettiste. Pâle et triste. La tenant au bout de ses fils. Accrochés aux catacombes de sa détresse. Je le confesse. Jaloux et versatile. Pire, coupable et irraisonnable. Le bec et les serres à son corps agrippés. Qu’un jour elle se plaira d’aimer. J’ai ce projet. Je l’ai façonné, conçu, imaginé. Dans une tanière au fond de mes cimetières. Elle y verra brûler les cierges. Posés sur la neige vierge. Des terres de mes hivers. Il y aura une pâle lumière. Où elle me tiendra la main. Peut-être échangerons nous un baiser ? Elle ne dansera plus seule. Je le promets. Jusqu’à la fin. Elle dansera revêtue du linceul. A la couleur blanche de nos matins. Avec du feu dans les yeux. Dans le tressaillement de ses charmes sècheront ses larmes. J’en ai fait le vœux. Nous serons heureux. J’ai voulu le lui dire, le lui écrire. Je n’ai pu. Je n’ai su. Je m’en veux, je suis un marionnettiste. Pâle et triste. Mes artifices ne sont que factices. Ma seule cruauté est de l’aimer. Comment me faire pardonner ? De l’avoir choisie. Pour me redonner vie.
Lire la suiteRequiem

Les douleurs rougeoyantes du couchant. Font couler le miel et le sang. Sur mon humeur vacillante. Avec le goût sucré et salé. De lentement empoisonner. La ferveur tremblante. De regarder se coucher. Le râle de notre amour. Sans chaleur de toi. Avec le bruit qui court. D’hier, d’autrefois. Dans le corps incinéré. De nos rêves inachevés. Je tends la main. Et, je ne retiens. Que des larmes de jour. Pénétrant dans la nuit comme un pénitent. T’appelant au secours.
Lire la suiteDans de funestes châteaux

Dans de funestes châteaux. Des spectres dansent à la queue leu leu. Sur les notes muettes d’un piano. Aux touches à l’ivoire nacré. Pendant que somnolent des vieux. Sous l’ombre grise de jours pluvieux. La musique du silence accrochée. Sur les notes d’un vent du néant. Passe l’éclair fugitif. De ton regard intrusif. Le mirage d’une image. Femme de nuages. Douleur majestueuse. De ton corps sec et asséché. Le masque d’une peur affreuse. D’avoir trop imploré. Renaître peut-être ? Succomber. Comme autrefois ? Dans de funestes châteaux. A danser des milliers de fois. Sur les notes muettes d’un piano. Étirant le temps. S’éteindre lentement. En se rapprochant du firmament. J’ignore qui tu es. Où tu peux aller ? Dans un suaire de pierres ? Au cœur froid et dur. Statue de fer. Tu es pure. Je le veux. Femme de nuages. T’appelant de mes vœux. Intemporels et sages. Tu vis dans le sarcophage. Du paradis ou de l’enfer. Dans de funestes châteaux. Aux murs recouverts de lierres. Tu changes l’acier en or. D’un regard mélancolique. Le mal s’endort. Incertain et critique. Reste le bien tragique. De ce court instant. Où je t’ai vue passer. T’en aller, balayée par le vent. Laissant des spectres dansant à la queue leu leu. Sur les notes muettes d’un piano. Dans de funestes châteaux. Je regarde le vide, le néant. Ce trou béant. Cet éternel emprisonnement. Du jour où tu repasseras. Je veillerai là. En attente du souffle du vent.
Lire la suiteUne mauvaise nuit

Quand l’ennui se marie avec l’infini d’une mauvaise nuit. Tous deux intensément épris. Ils s’effondrent comme des fêtards. Dans un corbillard perdu dans le brouillard. Raillés par un couple de chauve-souris. Trempés sous la pluie. Dans l’écœurement despotique. D’un râle pathétique. Ces épousailles n’étant qu’un feu de broussailles. Ils se sont promis de se mentir. Pour le meilleur et pour le pire. Quand l’ivresse de leur mensonge étire leur paresse. Leur corps engourdis pèsent sur un mauvais lit. Sous une lune blanche et affadie. Les mains nouées pour mieux s’écarteler. Leurs enfants seront maudits. Ils iront au delà du pont aux planches pourries. Jouer sur le sol noir de volcans engourdis. Construisant des châteaux avec des pont-levis. Dans le rêve imaginaire. De fuir ce cimetière. Reniant leur père et leur mère. Unis sous la sombre bannière. De ne s’être jamais compris. Quand les amours futiles seront inutiles. Les larmes rempliront les lacs. Et les rivières repoussées par le ressac. D’un sentiment de culpabilité. Aux enfants mort-nés. Condamnés par des spectateurs muets. Regardant le corbillard passer sans s’apitoyer. Quand le jour se sera levé. Il ne restera que le ciel de traîne. D’une mauvaise nuit, de son boulet et de ses chaînes.
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