Le son d’un piano, des notes tristes et sombres coulant sur la toile d’une mélodie. Dressée pour habiller la maison de tes secrets. Ceux que j’imagine, que tu ne me livreras jamais. Je passe en ombre fade et grise devant cette porte qu’il m’est impossible de pousser. Je m’efface sans que cela me lasse. Porté par la musique de ce piano que tu joues pour moi. Dans cette attente de toi qui ne brisera pas ma foi. S’écoule le temps d’une vague espérance. Aussi loin qu’ira ma chance. Quatre minutes zéro deux de bonheur arrachées aux blanches et aux noires du piano. Se répète ce rythme lent, mélancolique et beau. Portant les larmes aux yeux. Fabriquant cette autre idée du merveilleux. Derrière lequel tu t’abrites protégée par des murs massifs et lumineux. J’imagine des grandes salles, des recoins. Où tu te protèges cachant tes désirs capricieux. Belle et inaccessible, frêle et sensible. Je te rêve ainsi. Cela me donne l’impression de te comprendre, que nous pourrions être amis. Il y a tant de choses qui pourraient nous rapprocher. Le fait parfois de se croiser. Toi, sortant de ces voitures luxueuses qui t’emmènent te promener. Moi passant, rentrant de travailler. C’est peu. Mais nous pourrions être heureux. Quatre minutes zéro deux. De musique qui parfois s’échappent de ta fenêtre. Envoyées à moi peut-être ? Un regard furtif échangé dont je me souviens. J’ai vu tes yeux, te souviens-tu des miens ? Chaque soir à la même heure, je passe et repasse. Faisant confiance au hasard. En avance ou bien trop tard. Nous nous croiserons. Nous entendrons. Le son d’un piano, des notes tristes et sombres coulant sur la toile d’une mélodie. Dressée pour habiller la maison de tous tes secrets. Ceux que j’imagine, que tu ne me livreras jamais. Que je ne pourrais te demander. Il y aura la douceur de tes mains. Le souffle chaud de ce vent divin. Caressant mon visage, je ferme les yeux. Quatre minutes zéro deux. De bonheur à être heureux. Ce soir, tu as pris le temps de me regarder avant de jouer. Tes doigts effleurent les touches en pensant peut-être à moi. J’ose le croire, je le veux, je n’ai que toi. Dans le vide qui m’habite, il y a des images, des ombres et puis nous deux. Lovés dans un recoin de la grande maison. Là où les lumières ne brillent plus de mille feux. Pénombre où s’enchaînent nos passions. Au frontières de la déraison. Je n’ai qu’un rêve pour compagnon. Et le son. D’un piano que tu caresses sans hésitation. Provoquant tant de tempêtes dans mon cœur amoureux. Battant au rythme de tes pulsations, le temps si court de quatre minutes zéro deux. Je l’ai chronométré. Voulant le graver. Dans ma mémoire pour savoir. Petite miette d’espoir. M’unissant à toi. Infime et vivace que tu as envoyée jusqu’à moi.