Je ne vends que du vent. Que tu ne veux croire. Encore moins voir. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Tu te damnes. Mais, tu l’attends. Ta perversité me bouleverse. Ce bonheur me renverse. La musique de nos mots se répète, insipide, morbide. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Tu t’accroches à mon visage blanc, mon cœur noirci. Par nos mains glacées, notre absence de vie. Nous descendons chaque jour une marche de plus. Jusqu’au fond du puits. Accrochés pour ne pas tomber. Sur une route torturée. Faîte de virages, de courbes verglacées. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Je te parle de cet avenir merveilleux. Celui que je fabrique avec des mots. Qui sortent à peine. Au goût mielleux. Pour te faire croire que je suis beau. Ils n’ont pas la douceur de la laine. Juste la répétition de cette musique du mensonge qui raisonne dans ma tête. Que tu aimes entendre à perdre haleine. Pour te damner près de moi. Savoir qui tu es. Au vent mauvais. Tu as décidé de t’abandonner. Je suis l’ombre de tes sentiments les plus sombres. Je suis la poussière de tes plus belles années. Tu as décidé de me coller comme si j’étais ta destinée. Souvent, je voudrais t’abandonner, te protéger. Je me hais. Je te hais. Je nous hais. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Mais. Tu l’acceptes comme si c’était bon. Comme si tu t’en nourrissais pour exister. Tu es folle. Ta vie caracole. Sur des chemins égarés. Je ne serais jamais le bon cocher. Celui de ton âme, de ton cœur, celui qui pourra assécher le sang de tes larmes. Je ne puis guérir tes plaies. Je ne peux même pas effacer ce que tu as enduré. Je te mens, chaque jour, en permanence, tout le temps. Je suis rien. Je suis ta fin. Tu te maintiens. Debout, à coté de moi. Comme si nous étions bien. Comme si nous n’avions jamais faim. De goûter le sel de nos lèvres, de sombrer dans l’ivresse de nos corps décharnés. De hurler. De crier. De supplier. Que je t’aime comme tu m’aimes. Je ne le peux. Je ne le veux. Mentir jusqu’au blasphème. Attendre jusqu’à pendre. Cette idée que je tiens à toi. Je te le dirai, tu me quitterais. Tu aimes trop plonger avec moi dans le noir. Là, où tu existes. Là, où, tu vis de cette peur. Qui monte jusqu’au cœur. Qui te remplit de bonheur. Je ne le sais que trop. Nous voulions aller si haut. Les étoiles dans les yeux. Avec le même vœu. De nous aimer. De ne jamais nous quitter. Je te mens chaque jour, en permanence, tout le temps. Je tiens à toi. J’en crève. Dans la nuit de mes rêves. Mais, il y a. Cette peur de nous voir souffrir. La détresse de nous sentir défaillir. Cette faiblesse de finir par mourir. Aussi, je fuis pour réduire nos vies. A cette descente dans le puits. Là, où nous pourrons nous cacher. Nous rencontrer. Ne plus tricher. Revenir comme avant. Où nous ne connaissions pas la peur du temps. Où nous ne tremblions pas sous le vent. Le jour approche. Je me prépare. Je le sens arriver. Il est là. Bien trop proche. Je te mens chaque jour, en permanence, tout le temps. J’ai çà en moi. Encore plus fort. Que tous nos efforts. Pour faire semblant. D’être vivants. Aux côtés de toi. Jusqu’au bout du bout. Quand notre vue sera floue. Pliés sur les genoux. A vomir dans la boue. Le peu qui reste de notre vie. Au fond de ce puits. Là, où je t’ai entraînée pour te capturer. Là, où je voulais te conserver. Pour toujours près de moi. Je t’ai dit tant de mensonges pour te faire descendre. J’ai tout réduit en cendres. Ton visage gris aux teintes du malheur. Qui ne connaît plus le bonheur. Baigné de larmes. Tu n’aurais jamais dû me croire. Te méfier de mes mots. Pour éviter ce drame. Ne jamais vouloir. Rien ne changera jamais. J’ai beau essayer. Je te mens chaque jour, en permanence, tout le temps…