Je me souviens de cette plage. Ailleurs sur d’autres rivages. Où les nuages s’étalaient. En ombres déformées. Sur les traces de nos pas. Posées dans un sable las. Recouvert par la marée. Notre présence effacées. Allant paisiblement. Le sommeil ne pouvant nous rattraper. En parlant, en se rapprochant. Malgré la nuit nous rejoignant. Si proches de la fureur de l’océan. Baignés de notre lenteur. Sans avoir peur. Proche de toi. Collée à moi. Les vagues à nos pieds. Sans chercher à les éviter. Le vent nous balayant. Furtivement, violemment. Il n’y avait rien de plus. Que cet absolu. Ce bout d’éternité. Coincé entre nos doigts liés. Que rien ne pourra desserrer. Le soir approchant. Là-bas en s’endormant. Nous l’attendant. Sans savoir. Ni vouloir. Qu’il marque la fin. De notre chemin. Au bord de cette plage. Ailleurs sur d’autres rivages. Le sel collé à tes lèvres. Les embruns et leur fièvre. La mélodie d’un slow. Emportée par les flots. Déchirant le silence. D’un rugissement, d’une insolence. Venue des eaux. Se fracassant comme un tonneau. Sur les rochers acérés. De cette pointe où nous sommes arrêtés. Il y a le vent dans tes cheveux. Tes yeux radieux. Il y a le bruit des vagues. Venues s’éventrer à nos pieds. Fendues d’un coup de dague. Sans larme, ni pitié. Il y a les formes teintées de noir. Mangées par le soir. S’effilochant comme des fantômes. Sur la lande au dessus de ses dômes. Ta main qui serre la mienne. Attendant que le jour revienne. Sans avenir ni passé. Au-delà de toute vérité. Emportant nos vœux vers les cieux. En ce soir pluvieux.