Dans un château de misère poussent des branches de lierre. Tissant leur fil sur des murs de poussière. Les araignées y font leurs prières. En croix pendues du bout des doigts. Elles rêvent de mouches de baisers de mort. Au-dessus de squelettes épouvantés et morcelés. Frappés par l’injustice de leur mauvais sort. Des corbeaux les regardent goguenards. Repoussant leurs larmes à plus tard. Se délectant du prochain festin. De lapereaux éventrés par des chiens. Errants en recherche de leur pitance. Voleurs qui finiront sur une potence. Tous se préparent au bal du soir. Apprêtés, ils seront habillés de noir. Danseront derrière des masques. Leurs yeux de rubis scintilleront. Des cris accompagneront leurs frasques. Les robes virevolteront, les dentelles frôleront des chandelles. Une ronde où sombrent les âmes des ombres. Portant des couleurs de catacombes cet endroit où j’erre. Ce château de misère où poussent des branches de lierre. Un lieu de vie où se fourvoie mon ennui. J’ai dessiné sur les nuages un monde imaginaire. Avec des crayons de charbon d’un dernier buché. Là où furent consumés mes rêves, mes larmes du passé. En cendres, sans pleurs, ni pitié. Demain, je ne serai plus rien. Qu’un fantôme aux espérances de môme. Un vagabond croyant pour de bon. Aux promesses d’une fée qui m’a promis d’être une déesse. Une princesse que j’ai regardée danser dans le voile des nuages. Elle a emporté mes rêves d’immortalité. L’espoir éternel auquel je croyais dont j’étais l’otage. J’enrage de m’être fait berner. Je l’aimais ce monde imaginaire. J’y menais une vie princière avec ma cavalière. Nous étions heureux et fiers dans nos attitudes singulières. Sans main, sans tête, juste évaporés. Fantômes insouciants jouant à cache-cache entre les tombes des cimetières. Maintenant, les araignées y font leurs prières. Tissent leur fil sur des murs de poussière. A côté d’un château de misère où poussent des branches de lierre.