Quarantaine. Jour 55. Fin

A toi, ma muse imaginaire, compagne de mon hibernation volontaire, je te dédie cette lettre d’adieu. En ce jour de fin. Je me souviens de nous deux. Lorsque nous avons emménagé. C’était à l’aube des 55 matins d’une hibernation sans lendemain. Je me rappelle de nos frayeurs. Je me rappelle des battements de nos cœurs. Étouffés par les soubresauts d’un avenir désarticulé sur la crête de nos angoisses empoisonnées. Elles nous ont plongé dans le coma de nuits réveillées par des aubes grises. Toutes avaient cette teinte du venin qui tétanise. Je me souviens de nos frissons lorsqu’il fallait se lever, recommencer à respirer. Il y a eu ce temps claustrophobe de l’air qui manque, du soleil absent. Toi et moi, hantant le labyrinthe du confinement. Demain, il s’ouvre; je m’en vais sans toi. A jamais, tu resteras en moi. Toi, ma compagne imaginaire d’un temps de misère.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 54. Unis

Je t’ai faite venir de l’autre côté du miroir. Avec le bagage encombrant de tes nostalgies. Ce parfum de remord qui a endormi tes espoirs. Je t’ai capturée dans le filet de mes désespoirs. J’avais tant à te raconter, nos doutes, nos envies. Nous étions unis et confinés.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 53. Peintures

Toi, ma muse imaginaire, je suis entré dans ton esprit. Par effraction, sans frapper, en voleur, profanant ta torpeur. Doucement, lentement sur la pointe des pieds, je me suis laissé emporter. M’installant sur le canapé de tes logiques. Posant les pieds sur les piliers de tes certitudes. Picorant les restes de tes agapes mentales. J’ai tagué les murs de tes pensées de mes post-it revendicatifs. J’ai enfoncé dans ton esprit les clous retenant les cadres de mes peintures tourmentées.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 52. Baleines

Les choses, et les invisibles, ont un monde le leur.
Un monde inaccessible où les fantômes dorment la nuit lovés en boules parmi des démons assagis. Ils rêvent à des lunes noires qui s’élèvent dans des azurs orangés où le feu est chaud et doux. Ils se réchauffent devant des flammes de volcans à la peau de lézards cuisant sur les roches de déserts. La bouche en feu en se projetant vers des soirées humides et noyées dans des insomnies. Où les baleines flottent le ventre à l’air dans des courants chauds. C’est avec elles que je suis si souvent allé m’évader.
Lire la suiteQuarantaine. Jour 51. Dormir

Je marche la nuit quand tout s’est ralenti. Un jour ou l’autre, ils vendront des pilules pour être actif aussi la nuit. On me volera ces instants de paix. Les derniers. La volupté de prendre le temps, de s’égarer. J’aime lorsque tombe la pluie. C’est la certitude d’être seul dans les rues grises à perte de vue. Comment serait le monde si tout le monde s’endormait et que je sois seul à veiller ?