Tapis d’infini
Je broie du noir dans un verre plein de rouge
Irrésistible quant à ses caractéristiques veloutées
S’enroulant autour du baobab d’une époque qui bouge
Pendant que se morfondent des vieux sur des tabourets
Comme si leurs craquements finiraient par briser des dents
J’ai ce dédain mâtiné de suffisance ; une véritable adolescence
Pour qui ? Pour toi, pour moi, en virevoltant infiniment
Sur un air suranné totalement abandonné sans descendance
Où sont nos folies, nos vertiges pointés sur la tête de pics ?
En marche citoyens, partons à la conquête d’une Bastille
Aux pieds d’argile que j’attaque à coups d’antibiotiques
Une lutte fratricide avec ces épouvantails qui s’entortillent
En créant l’illusion fondamentale d’une évanescence
Dans un temps imaginaire sans conséquence
Je frémis, je trépigne, je m’échine sur un tapis d’infini
Où s’en iront les approximations de nos rires inaboutis ?
Vers un firmament presque culotté de nous narguer ?
L’imaginer permet d’y croire, je commence à rêver
Lire la suiteSilences
Au fil de l’eau sur un tapis de feuilles mortes
Une main à traîner dans le froid de ce liquide
Comme si c’était une ultime sensation qui avorte
Sur le tamis aux pépins immatériels de ce fluide
Dans les veines bouillonnant comme un talisman
Protégeant de l’appel saugrenu de ces silences
Je les entends murmurer si souvent, tout le temps
Dans le firmament de commères qui pleurent et qui dansent
Autrement qu’en égrenant le sable de nos tumeurs
Sur le filtre intemporel des aigreurs et des peurs
Lire la suiteAutrefois
Et pourquoi ce vide absolu ?
Et pourquoi ce néant à perte de vue ?
En tant que valeur sans douleur
En tant qu’instrument de malheur
Tranquillement dans la torpeur
D’un matin d’hiver sans chaleur
Triste et pâle ; maigre et sans candeur
J’entends ce silence absolument
En somnolant, en m’assoupissant
Pour rester éveillé à peu près
Sur les pas d’une sale journée
Avec l’absolu de penser à l’inaccessible
De croire si peu à l’impossible
Comme ça par fatalité ou par hasard
Vagabondant parmi les près jusqu’à plus tard
Lorsque le ciel sera parcouru du destin
De teintes sombres et noires jusqu’à demain
J’ai la tentation de l’attendre
De rester là sans chercher à prendre
Le rythme d’une journée en accéléré
De bruisser, de m’agiter, de sprinter
En copié collé d’hier et de bien avant
Où sont les mots sensibles et fatalistes ?
Dans le sommeil de mes chapelles paisibles
J’entends ce silence presque réaliste
Sur l’arrête d’un aboutissement invisible
Sans foi, je crois dans cette loi
Pour moi, pour toi, dans le sel d’autrefois
Lire la suiteUne vie ?
Une luciole au creux d’une forêt
Un jet de lumière tamisée
Dans l’évanescence d’un silence
Coulant en abondance dans l’immersion
De cet état fait d’une étrange absence
Un rien, comme le début d’une exception
En prévision d’une prochaine invasion
De sentiments en foule se bousculant
Violemment aux portes de l’esprit
Je te parle d’un bout de vie
D’un sommet, d’une extrémité
D’un instant de solennité
Invisible inscrit dans la fatalité
Par obsession de toucher à l’immortalité
A ce faux-semblant qui nous nourrit
J’y crois par réalisme et aussi
Par fatalisme pour faire comme si
Comme si nous étions imprévisibles
Je veux y croire, caresser l’inaccessible
Par jeu, par désir, par envie
Si proche de riens, tous si petits
Il en sera ainsi, bruyamment
En frétillant aveuglément
En me laissant ce présent inabouti
Un symbole, presque le début d’une vie ?
Lire la suiteNuages
Où s’en vont les nuages ?
Ces coulées grises et noires
Immaculées et sans images
Vaporeuses sans savoir
Que nous les observons
Rieurs, tristes ou admirateurs
Par hasard, sans réelle attention
Pour un regard illusoire, une erreur
Pire encore, sans attente, sans penser
Qu’ils possèdent peut-être une vie
Qu’ils aspirent à s’ébattre, s’aimer
Et qu’au bout du bout ils toucheront à l’infini
Comme ça sans rien attendre, ni demander
J’ai cette croyance depuis l’enfance
Le rêve inabouti de vagabonder parmi eux
Dans un langage fécond, une résonance
Aux pleurs et aux cris, parfois avec si peu
Dans la redondance d’une inadvertance
La conséquence d’une ivresse, d’une dépendance
Aux festins avariés d’un repas sans fin
Oui, je crois qu’il y a là une histoire de foi
Quelque part parmi le ciel d’un petit matin
Torsadé d’une poignée de nuages
Ces coulées grises et noires
Immaculées et sans images
Jusqu’à ce que s’éteigne le soir
Lire la suiteCroire
Sur un canal à fendre l’âme
Coupant au travers des champs
Parmi la cohorte des flammes
Des tabous, l’encre de nos chants
J’entends murmurer puis s’effacer
Le souffle d’un évanouissement
Une trace indélébile et colorée
L’aboutissement d’une entente
Dans le labyrinthe, ses fentes
Où s’abritent l’essence bleue
D’un envol aux teintes de feu
Ses éclats, ses éclaboussures
Nous abrités de ses morsures
Je saisis l’idée de concession
La torture pour la projeter en fusion
Vers l’aurore et ses temps orangés
Ceux qui cognent fort dans la tête
Sont d’hier, de maintenant, et
Qui divaguera un soir de fête
En consumant les petits papiers
Gravés de mots magiques
Saturés de phrases tragiques
Dans le culte de la simplicité
Ce soir ou maintenant, à jamais
Par hasard, par vouloir, par fatalité
Dans l’explosion incontrôlée
Au-delà des iris et des bleuets
Danse le corps d’une idée sublimée
S’abîme le tendre et le violet
De nos candeurs à l’abri de l’arbre ombragé
Je vois monter l’excellence de l’aube
Sa grâce, ses ourlets qui enrobent
Le présent, le temps, le firmament
Touche ; oui touche ma peau
Par hasard, par violence, par faiblesse
En tremblant ou dans un dernier sursaut
Tangue l’absence d’un rien, à jamais, enfin
J’ai en moi ce plus inutile ou la sagesse
De croire en l’éternel d’un probable espoir
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